Fianarantsoa : Assèchement des rivières et rizières

Le manque d’eau revient pour toucher durement la ville de Fianarantsoa depuis quelques semaines, comme l’année dernière. Phénomène que l’on rencontre également dans les autres centres urbains comme Ambalavao, Ambohimahasoa, Ikalamavony et Ihosy depuis quelques mois. Les rivières et les rizières sont asséchées dans presque toute la région de la Haute Matsiatra. Cette réalité touche aussi, il faut le dire, une grande partie de l’Île ; ce qui est, avons-nous déjà écrit ici, le résultat de la déforestation généralisée du pays depuis des siècles avec les feux de brousse et la culture sur brûlis ou tavy. Le manque de pluie est devenu chronique depuis le XIXème siècle et, si l’on se réfère aux archives et aux données météorologiques, depuis le début du pouvoir colonial.
Pour Fianarantsoa et la Haute Matsiatra en particulier, on doit souligner que la Région paie la conséquence du reboisement avec des résineux, les pins appelés pinus patula, plantés ici depuis le début des années 50. Il faut rappeler que contrairement aux feuillus qui retiennent la pluie et la fait couler le long des branches et des troncs pour s’infiltrer lentement dans le sol, on ne trouve pas ce phénomène avec ces « foutus » pins. Le cycle de l’eau est bouleversé et les sources disparaissent. Pour Fianarantsoa, le lac d’Antarambiby qui fournit une grande partie de l’eau de la Jirama n’a plus aujourd’hui qu’un peu plus d’une dizaine de sources pour l’alimenter au lieu des 34 ou 35, dans les années 70 encore. Il est actuellement en train de s’assécher, et les gens se sont précipités pour attraper les poissons. Sans un cyclone, avec ses pluies continues pendant plusieurs jours : Antarambiby ne sera plus jamais rempli d’eau comme auparavant.
Il faut donc trouver d’autres alternatives pour que cela ne se répète plus. Comme, par exemple, de construire des barrages de rétention d’eau à Ankidona vers la route du sud où il y a déjà une station de pompage d’eau de la JIRAMA, mais également sur le fleuve Matsiatra dont le niveau est actuellement en train de baisser dramatiquement au niveau du pont de Vohimasina. Mais pourquoi ne pas construire un centre de rétention d’eau à Ambatomena où il y a encore des sources en fonction, au milieu du nouveau centre urbain que l’on voudrait créer ?
Plus globalement, le gouvernement devrait aussi mettre en place, rapidement, une politique d’entretien et de protection des sources et non pas seulement se limiter à la politique de l’accès équitable et à l’utilisation rationnelle de l’eau. Cela participe ainsi à l’amélioration de la qualité de l’eau comme on l’a vu depuis la mise en place du ministère de l’Eau en 2008. Il y a plus que péril en la demeure…
Pr Henri Rasamoelina
( Université de Fianarantsoa)
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