
Périlleuse est l’itinéraire de la Grande Ile. Elle a vécu une histoire assez mouvementée en l’occurrence lors de la période coloniale. En effet, le rôle de l’historien est de relater les faits du passé en toute neutralité. Une lourde tâche, un métier noble.
Le premier livre universitaire sur le MDRM est sorti vendredi dernier. « Le Mouvement Démocratique pour la Rénovation Malgache (1945-1958) », tel est son intitulé. Edité par l’Harmattan, composé de 400 pages, l’ouvrage voit la contribution de l’historienne chevronnée Lucile Rabearimanana. Étant préfacière, cette Professeure des universités salue la tonicité des analyses ainsi que les recherches fournies par l’auteur.
Après sa volumineuse thèse et ses quatre livres publiés, Denis Alexandre Lahiniriko ajoute encore une pierre à l’édifice de l’histoire de Madagascar ! «Un ouvrage sur le MDRM comble une lacune importante de l’histoire malgache. Il constitue un jalon important dans la compréhension de l’histoire contemporaine malgache. C’est la raison pour laquelle, il trouvera des lecteurs non seulement parmi les universitaires qui s’intéressent au pays et l’histoire coloniale mais également à un public plus large encore, le parti étant connu de tous les Malgaches ayant fréquenté au moins l’enseignement primaire. D’autant que dernièrement, la commémoration des événements de 1947 ou encore le cinquantenaire de l’Indépendance malgache ont relancé un besoin d’histoire et en particulier concernant la période coloniale à Madagascar. La montée d’un certain sentiment nationaliste ne fait que renforcer ce besoin», avance l’auteur.

En regardant la couverture du livre, de la même couleur que le ciel, on aperçoit l’étendue des travaux qu’a effectués le spécialiste en histoire contemporaine. On y trouve également quatre silhouettes de femmes, dont l’une coiffée d’un chapeau. Main dans la main, ces personnages sont le symbole du “fihavanana malagasy”. Sous un autre angle, l’image reflète aussi bien la diversité culturelle des quatre coins du pays que la réconciliation nationale. « L’Histoire, il y a ceux qui la lisent, ceux qui l’écrivent et ceux qui la font », dit-on. Denis Alexandre Lahiniriko fait partie de ceux qui l’écrivent. En fait, il ne fait pas que raconter les faits historiques, il déterre les sources inédites et dévoile une autre facette du MDRM. Effectivement, l’auteur évoque l’itinéraire du parti nationaliste, « de sa naissance à sa disparition ainsi que son influence sur la culture politique malgache ». Souvent on entend des histoires rocambolesques sur «les héros malgaches» du temps de la colonisation. Mais, ici Denis Alexandre Lahiniriko ne caresse pas dans le sens du poil. Il secoue le passé. Il analyse minutieusement les faits appuyés par des preuves concrètes. « Trop sûr de sa force, il n’a pas pu réellement contrôler sa structuration et au fur et à mesure de ses succès électoraux, il perd une partie de sa base. Celle-ci estime que l’utilisation de la violence est un moyen parmi tant d’autres. Elle se laisse alors entraîner dans une insurrection dont la première victime a été le MDRM. Non seulement le parti a été officiellement dissout mais ses dirigeants, à tous les niveaux, ont été l’objet d’une répression féroce. Ses militants en sont également victimes. … Presque tous les régimes politiques qui se sont succédé depuis l’indépendance se sentent ses héritiers », a-t-il encore ajouté.
Symbole du nationalisme dans la deuxième moitié des années 1940, le parti de Raseta-Ravoahangy-Rabemananjara transmet à la nouvelle génération une idéologie politique typiquement malgache. Par ailleurs, la culture partisane et l’ethnicité sont au cœur du débat.
Iss Heridiny