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mardi, mai 20, 2025
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Vox taxi, vox populi

Ce que tout le monde ne sait pas, lui, le chauffeur de taxi, le sait. Maintenant que vous et moi sommes en permanence sur les réseaux sociaux, nous sommes persuadés que la magie de l’Internet, on le prétend, rend l’information accessible en temps réel, à tous sur terre et en même temps propage l’epsilon information à l’échelle mondiale, nous voilà donc vernis de toutes les connaissances qu’on puisse imaginer. Et bien détrompez-vous, il y a un réseau plus actif avec des informations qui sont plus de proximité, d’accès gratuit et dont l’algorithme est perpétuellement en développement. Il s’agit du réseau beige des taxis qui s’auto-alimente en structure et en contenu, à leur station. Là on vient injecter un nouveau sujet avec les ramifications de supputations qui aboutissent vers une conclusion acceptée par tous les membres. Vous, clients du réseau beige, vous ne serez pas en reste puisque vous aurez la primeur de tous les conciliabules.

Encore une élucubration de chroniqueurs en mal de sujet diriez-vous ? Oh que non ! Vous allez lire un témoignage vécu. L’autre samedi, vers 18 heures, alors que les alentours d’Antsonjombe étaient figés par un embouteillage monstre avec la sortie des fidèles de l’église Shine, le second meeting de prière collective après celle du pasteur Mailhol avec ses ouailles en une semaine, notre chauffeur devrait se frotter les mains avec cette clientèle à convoyer.

Non ! répond-il. « Vous savez ce sont tous des gens modestes qui ne peuvent pas prendre de taxi, ils préfèrent louer des taxis-be que vous voyez encombrer les rues comme maintenant ». Un peu énervé, il n’en faut pas plus qu’il fasse sa publication et tchatche avec le client.

  • Vous savez d’où viennent ces croyants qui grossissent les rangs de ces « petites églises » ? En grande partie des FJKM et des EKAR.
  • Ah oui, ils ont changé de dieu ?
  • Ils ont gardé le même dieu mais ont changé de coreligionnaires ou de voisins de bancs, si vous voulez.
  • Je ne comprends pas, peut répondre le client.
  • Oui, parce qu’ils sont rejetés de là-bas, toutes les places sont déjà réservées par les notables de la paroisse et si parfois, ces derniers tardent à venir et que vous avez le malheur de les supplanter, on vous murmure mais d’un ton sévère : « Vous êtes nouveau ici ? parce que c’est la place d’Un tel». Sans parler qu’aux nouvelles de la paroisse les petits donateurs sont sciemment oubliés. Frustrés, voilà pourquoi ils rejoignent ce qu’on appelle les sectes.
  • Mais ces prédicateurs font aussi leur beurre sur le dos de leurs fidèles avec la dîme (folo isan jaton-karena) non !
  • Oui dit le chauffeur, mais selon eux, le jeu est clair et tant que l’anonymat est préservé il n’y a pas de privilégiés d’autant qu’en majorité, ils viennent tous d’un milieu modeste.

Comme cadeau, le chauffeur vous livre que Maihol a déjà plusieurs fois changé de femme et qu’aux dernières nouvelles « l’évêque » ou le bishop Andrianarivo vient de se séparer de la sienne et tous les fidèles sont au courant et ne s’en offusquent pas, loin de là. Ils espèrent que leurs prédicateurs trouvent des compagnes plus jolies et plus bienveillantes envers eux et envers leur guide.

En son temps, le père Urfer disait que la stigmatisation et la marginalisation dont sont victimes les marginalisés par les églises chrétiennes traditionnelles font le « lit » des évangélistes, mais que voulez-vous, on ne l’a peut-être pas assez entendu. Le taximan est peut-être plus expert en communication que les prélats.

M.Ranarivao

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