
Hakanto Contemporary a lancé il y a un mois un projet artistique réunissant plusieurs artistes locaux. Parmi le programme de cette exposition collective, il y avait cette série de photographies qui a été exposée dans les rues d’Analakely et Soarano. Mais une partie de la population est passée complètement à côté.
À peine une semaine après leur installation, les photos prises par Rijasolo et Viviane Haingoniony Rakotoarivony qui revêtaient le mur du marché de Pochard et du Lycée Rabearivelo n’avaient plus l’air de rien. En effet, certains Tananariviens ont tout simplement décidé de les déchirer, voire de les retirer complètement. Les photographies ressemblent désormais à des débris d’affiches de concerts ou de cultes que les organisateurs de ces événements ont oublié d’enlever. D’ailleurs, le photographe Rijasolo s’est exprimé à ce sujet sur sa page Facebook avec ces mots « Je suis dans l’incompréhension et cela m’attriste…profondément. Il n’était évidemment pas question que ces images placardées sur les murs du marché communal Pochard et sur les murs du lycée J.J. Rabearivelo dans le centre ville de Tana, restent éternellement là, ostentatoirement, à la vue de tous. C’était une exposition éphémère sans date limite de péremption, c’est-à-dire une exposition de photographies livrées aux intempéries, à l’élasticité du temps et au bon vouloir du rythme de cette capitale surpeuplée…. Mais je constate que le peuple de Tana a décidé d’écourter manu militari cette exposition ».
Outre les deux artistes qui furent étonnés par le jugement sévère du public, les internautes déplorent eux aussi ces comportements de vandale. Certains dénoncent le manque d’intérêt envers l’art de la part de la population de la capitale, d’autres accusent l’incivisme qui ne cesse de gagner du terrain à Madagascar. En tout cas, les rues du centre-ville ont repris leur allure quotidienne, où marchands de rue, voitures, motocyclettes, passants, taxiphones et voleurs à la tire fusionnent dans une atmosphère tendue. Tout objet d’art ou nouveau gadget de la CUA a du mal à y trouver sa place. D’ailleurs, à la même période que cette exposition de Hakanto Contemporary, la sculpture de Joël Andrianomearisoa [Directeur artistique de Hakanto Contemporary] « Eto isika dia manandratra ny nofin’izao tontolo izao » érigée à l’esplanade n’a pas été bien accueillie par une partie de la population. Force est de constater qu’aujourd’hui, l’art ne fait pas encore rêver beaucoup de Tananariviens squattant le centre-ville.
Anja RANDRIAMAHEFA