
Depuis le mois d’octobre, les « facebookeurs » et « facebookeuses » usage(ère)s des routes nationales ont commencé à alerter l’opinion sur la réalité de ces feux de brousses intempestifs. Madagascar brûle. C’est un fait que l’on ne peut plus nier à force de voir images et témoignages. Ces derniers jours, des images satellites viennent cristalliser encore plus la réalité de ces flammes ravageuses.
La réaction des internautes est unanime à quelques exceptions près. Sur le compte d’un grand voyageur, un utilisateur raconte que dans une localité du pays, les gens « brûlent la forêt parce qu’elle est la base arrière des dahalo ». Donc, face à l’insécurité, ces « incendiaires » préfèrent sacrifier la brousse, ses arbres et ses plantes dont ils connaissent, supposément, aussi les secrets et les vertus.
Il faut le savoir, dans ces contrées lointaines, la nature est encore une pharmacie, une véritable caverne d’Alibaba. Un utilisateur signale « l’irresponsabilité des populations de base ». Tandis qu’un autre affirme que ce serait « des usagers des routes nationales qui sortent de leur véhicule pour brûler au passage » la brousse.
Il n’y a rien à dire. Madagascar part en flammes. La pauvreté de ce pays a sans doute engendré la pauvreté morale. Personne ne se demande qui ou quoi a engendré cette pauvreté extrême à l’aboutissement de 60 années détachées du joug colonial. À l’exemple de ces photographies exposées sur les murs externes du marché « Pochard » à Behoririka.
Du jour au lendemain, des « vandales », selon les « facebookeurs » pétris d’expression artistique, ont déchiré les oeuvres. Le mobile reste inconnu, si ce n’est à première vue le goût de la destruction. Aussi un égoïsme exacerbé, puisque ces « vandales » ne sont pas les seuls usagers de cette portion de voie, car du haut des bus, les passagers côté fenêtre peuvent scruter ces images.
Par ailleurs, sous un angle décalé, les raisons de ces destructions pourraient être plus culturelles que prévues. D’abord, il est facile de pointer du doigt une certaine catégorie de gens. Des citoyens malgaches quoi qu’il est dit. Ensuite, si les soupçons correspondent à cette catégorie, inutile de se lamenter.
Puisqu’ils n’assimilent pas ce genre d’installations. Parce qu’aucune exposition, aucune pièce de théâtre, aucun film malgache, aucun festival… n’a jamais inscrit dans son programme officiel les places centrales des quartiers difficiles. Il ne faut pas s’étonner que ces « vandales » aient déchiré ces images sans valeurs pour eux. Et que les passants et les badauds les regardent faire.
L’isolement culturel est donc une explication probable.
Maminirina Rado