
Il faut avoir les « cojones » bien accrochées pour oser lancer sa petite entreprise. Farahaingo, un des meilleurs bédéistes de sa génération vient de lancer « Tanossi », une ligne de vêtements d’été. Son premier magasin, tout de vert, se trouve depuis hier aux portes de la RM1 Anlakely, à l’enseigne « Ivo Fitafy ».
Ainsi, il produit maintenant des tee-shirts illustrés de ses dessins. Et pas n’importe lesquels, puisque la patte qui les dessine est une des figures majeures de la BD malgache de sa génération. Il a déjà mis les pieds à la Mecque du neuvième art francophone, à Angoulême, et a déjà sorti plusieurs albums notamment « Malagasy Way of Life », « Taxi Brousse Gang Bang »… en vente ici et ailleurs.
« J’ai travaillé chez une marque réputée de la capitale. J’ai pu voir, expérimenter, comprendre, projeter ce que cherche la clientèle malgache, une clientèle assez difficile en somme », avoue-t-il. Il a été le dessinateur attitré de « Maki Company ». Le moment est donc venu de se lancer pour se mettre à son compte.
« Nous les Malgaches, avons une certaine déficience dans notre rapport à l’image », avant d’ajouter « Nous cherchons souvent des choses flashy, comme des croquis avec les couleurs du drapeau américain, ou encore une effigie de Bob Marley. Pourtant, nous avons notre image propre à notre identité ».
Alors, avec « Tanossi », Farahaingo tente de relancer ce rapport du Malgache avec son image, ses images, ses représentations, ses symboles… Cela donne des dessins et des griffes contemporains, souvent rattachés au langage musical et au « slang ». La première collection donne, par exemple, des séries autour des termes comme « Zoma Magnifika », « Mbola tsara »…
« De toute façon, papier et tissu, ce sont tous deux des supports sur lesquels on peut dessiner », assure-t-il. Être entrepreneur dans l’habillement et être bédéiste, ce sont deux métiers distincts, à part entière. « Tanossi », littéralement « ceux qui viennent de l’île », se retrouvera prochainement dans les régions du pays.
Farahaingo rassure pourtant, la bande dessinée, c’est sa passion. Il ne compte pas la laisser tomber.
Maminirina Rado