
À travers cette interview, Bradih, le Dj international malgache évoque son parcours musical et son point de vue des évolutions de ce métier dans le monde et à Madagascar.
Midi Madagasikara : Parlez-nous un peu de votre parcours, vous qui n’étiez pas destiné au DJing au début…
Bradih : Ancien guitariste et chanteur de jazz, je décide de changer de style de musique et commence à habiter Norvège en 2006. Devenu passionné de musique électronique , j’ai commencé à mixer dans des soirées privées depuis 2007. J’ai eu mon diplôme en 2010 chez AKKS Oslo – une école de Dj – pour devenir DJ professionnel et international. Je commence à créer mes propres mix et samples et travaille avec des artistes locaux pour créer des singles. Ma culture musicale est le jazz et la musique électronique. J’ai aussi acquis les nouvelles techniques de DJing et de production musicale, ainsi que des connaissances en installation et réglages de son.
MM : Dans quelle catégorie de DJ vous qualifieriez-vous ? Un créateur d’univers sonore, un simple mixeur de chanson ou un animateur d’événement…
B : il y a plusieurs sorte de DJ, il y a plusieurs genres et styles comme des généralistes, drum and bass, dub, techno, hip hop, mais moi je me suis spécialisé dans l’électro en moyenne 125 bpm
MM : La musique électro est plutôt une tendance occidentale, une musique plutôt européenne, voire « de blanc », est-ce que ce genre a sa place dans la culture musicale actuelle ?
B : Effectivement, l’électro est plus une tendance européenne au départ, dans les années 50, mais au fil du temps, elle s’est répandue en Afrique qui a donné naissance à l’afro house qui actuellement prend une grande place sur le marché de la musique mondiale. Madagascar est un pays ouvert à plusieurs genres musicaux. J’ai eu la chance de fouler quelques scènes à Madagascar, j’ai pu constater que tous les genres de musique sont écoutés dans la Grande Île indépendamment de leur origine : Europe, Asie, Amériques ou Afrique. Le public est de plus en plus réceptif.

MM : Réussir en tant que DJ depuis un pays comme Madagascar sur la scène internationale, est-ce possible ?
B : Nous Malgache, on a plus de chance d’avoir une oreille musicale et de l’ouverture. On s’adapte facilement dans plusieurs genres de musique et avons une aisance à travailler avec des musiciens de différents horizons. Mais il n’y a pas de miracle, il faut toujours beaucoup travailler musicalement, maîtriser les outils, avoir du relationnel, de la créativité, sans perdre de vue le marché…
MM : Quels sont vos projets pour Madagascar ?
B : Actuellement sur Madagascar je suis dans le label Lamba 1, un jeune label de production regroupant quelques artistes malgaches. Notre objectif sur le court terme est de pouvoir faire connaître, petit à petit, cette musique dans le pays. Pour ce passage au pays on va essayer de jouer quelques set dans quelques pubs à Tana en collaboration avec Anjara Rakotozafiarison, Silo, Andoniaina Hasina Rakotoarimalala et on fera aussi un boiler room avec quelques DJ connus d’Antananarivo. Pour le long terme, on prévoit de faire un concert avec les artistes du label et on est en train de préparer un festival de musique électronique pour 2022.
Recueillis par Maminirina Rado