
Il faut boycotter les institutions financières qui discriminent l’industrie pétrolière et gazière africaine, selon la Chambre Africaine de l’Energie. Elle appelle les Etats à œuvrer ensemble pour la création de banques dédiées au secteur de l’énergie.
Les pays riches et industrialisés ont profité des ressources pétrolières et gazières pour se développer. Aujourd’hui, ils veulent empêcher les pays en développement de suivre cette même voie. Tels sont les propos soutenus par NJ Ayuk, président exécutif de la Chambre africaine de l’énergie, qui s’oppose depuis plus d’un an à la pression croissante visant à stopper les nouveaux investissements étrangers dans l’industrie pétrolière et gazière africaine. En effet, c’est pour éviter un changement climatique catastrophique que les organisations environnementales, les organisations financières et les gouvernements d’Europe et d’Amérique du Nord ont insisté pour que les pays en développement, y compris ceux d’Afrique, doivent immédiatement passer de la production et de l’utilisation des hydrocarbures à des sources d’énergie renouvelables comme l’énergie solaire, éolienne et hydrogène. « La majorité de ceux qui font ces demandes sont basés dans des pays industrialisés qui ont été construits sur la base de l’utilisation des hydrocarbures – le pétrole et le gaz alimentaient leurs économies – mais ils ne sont pas disposés à permettre aux pays moins développés d’utiliser les hydrocarbures à la même fin. Encore plus troublant, les pays africains que ces groupes visent sont riches de ces ressources naturelles, des ressources qui peuvent être utilisées pour fournir une énergie fiable, pour faire croître les économies et pour construire un avenir meilleur », a déclaré le président de la Chambre africaine de l’énergie.
Fort potentiel. Alors que les ressources mondiales en gaz et pétrole commencent à s’épuiser, certains pays comme Madagascar disposent encore de potentialités importantes, qui attirent les compagnies multinationales. Pour la Grande île, les investisseurs qui ont annoncé leur intérêt à investir pour la recherche de ressources pétrolières et gazières se comptent en plusieurs dizaines, si l’on ne se réfère qu’aux 5 dernières années. Pour sa part, l’Organisation africaine des producteurs de pétrole estime les potentialités sur le continent à 130 milliards de barils de réserves prouvées de pétrole brut et 15.000 milliards de mètre cube standard de gaz naturel. Dr Omar Farouk Ibrahim, secrétaire général de cette organisation, a même évoqué qu’il s’agit de ressources fiables, contrairement aux autres sources d’énergie qu’il qualifie de coûteuses et peu fiables.
Responsabilité. Le secteur du pétrole et du gaz présente des opportunités d’attirer les investissements étrangers et de transformer l’économie de nombreux pays en Afrique, selon la Chambre Africaine de l’Energie. « Pour ceux qui se soucient de ce secteur, il est temps de faire face aux faits. Nous devons trouver un moyen de la sauver nous-mêmes. La Chambre africaine de l’énergie appelle les États africains et le secteur privé à créer des banques de l’énergie axées sur le financement de projets énergétiques africains. L’idée est de créer des sources de financement pour tous types d’énergie en Afrique – de l’exploration pétrolière et gazière aux opérations solaires et à l’hydrogène – qui ne dépendent pas du soutien étranger. Fini la mendicité pour une aide qui ne serait accordée qu’à la condition d’abandonner les énergies fossiles », a soutenu le président de la Chambre.
Besoins urgents. Pour NJ Ayuk, il lance cet appel au continent, lui-même, pour sauver son industrie pétrolière et gazière, n’est pas basée sur la cupidité ou bien sur le fait de gagner de l’argent pour une élite. « Nous ne plaçons pas les objectifs économiques au-dessus de nos populations ou de notre environnement. Au contraire, nous sommes convaincus que l’exploitation de notre pétrole et de notre gaz est le meilleur moyen de répondre à certains des besoins les plus urgents de nos populations. Et nous pensons que la poursuite de nos opportunités pétrolières et gazières n’est pas la catastrophe environnementale que certains ont suggérée », a-t-il affirmé. À noter que le secrétaire général de l’OPEP, Mohammad Sanusi Barkindo, a déjà évoqué que la lutte contre la pauvreté énergétique en Afrique est une question urgente qui doit avoir la priorité sur l’abandon du pétrole et du gaz. Il a décrit les effets dévastateurs de la pauvreté énergétique lors de la Semaine africaine de l’énergie au Cap. Certes, un pays à la quête de l’émergence et qui veut s’industrialiser ne pourrait atteindre ses objectifs que par la disponibilité d’une énergie fiable, d’après les promoteurs des ressources pétrolières et gazières.
Antsa R.