
La cannelle est parmi les chaînes de valeur d’agriculture commerciale appuyées par le Projet de Croissance Agricole et de Sécurisation Foncière (Casef). La filière intéresse actuellement les producteurs traditionnels mais aussi les petites et moyennes entreprises dans les régions Atsinanana et Analanjirofo, et ce, depuis l’intervention du Casef, qui est un projet du ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, financé par la Banque mondiale.
Avant 2018, la filière n’était pas encore structurée car ses zones productrices se contentaient de la récolte de la cannelle sauvage. Pourtant, la demande au niveau du marché international a fortement augmenté, atteignant ainsi les 282 644 tonnes en 2016. Une opportunité pour Madagascar dont l’exportation stagnait sans dépasser les 3 000 tonnes par an depuis plusieurs années. Grâce à ce projet Casef, Madagascar peut regagner sa place de leader sur le marché mondial à travers le volet « élargissement de la base productive de cannelle », en gardant la qualité tout en augmentant la quantité progressivement. En effet, l’accompagnement du projet a débuté par les formations techniques et les appuis matériels suivie par la mise en œuvre de la conception des plantes et l’exploitation des produits, à priori la formation pour la fabrication de cannelle de tuyau ou cigarette, ainsi que la commercialisation. Au total, 3 500 ménages agricoles ont bénéficié de ces appuis et sont répartis dans 27 associations ou coopératives et 2 groupements de petits producteurs. « En 2020, le développement d’une base productive forte dans les bassins d’approvisionnement subsistait, incluant 350 000 plants installés. En 2021, une augmentation de 900 000 plants installés a été constatée. L’objectif est d’atteindre les 1 250 000 plants installés qui produiront dans les environs de 250 tonnes de cannelle tuyau d’ici 3 à 4 ans, soit une augmentation de 10% du volume d’exportation annuelle de Madagascar. Le Casef a également procédé à un appui à l’investissement sur des équipements appropriés pour améliorer la qualité des produits. Il s’agit notamment de la conception et l’installation de petits outillages et d’ateliers de transformation de cannelle tuyau inspiré du modèle sri-lankais. Le projet représente un appui institutionnel des coopératives et entrepreneurs agricoles pour aboutir à des relations commerciales formelles, et un appui à la mise en place de la certification Bio pour permettre au produit d’avoir un meilleur prix au niveau du marché », a fait savoir Rafanomezantsoa Andrianantenaina, expert régional en agribusiness, région côte-Est du projet Casef.
Agribusiness continue. Talaty Jamal Idris, un entrepreneur agricole au sein du fokontany d’Antanambao II à Mahanoro, figure parmi ceux qui ont bénéficié de l’appui du Casef. Il a entamé la plantation de cannelle en 2018 et profité de la formation et d’appuis matériels du Casef depuis 2020. Durant la descente sur terrain au sein du site de plantation à Tsangambato Mahanoro, 40 000 plants de canneliers ont été suivis via l’appui du projet Casef, incluant 6 000 plants, parmi eux, exploitables depuis l’année dernière et un nombre évolutif de 16 000 plants à partir de ce début d’année 2022. « La cannelle n’a pas de saison. Si le besoin l’exige, nous pouvons la couper mais nous serons sûrs que 10 mois après le recépage, un cannelier donnera de nouvelles tiges. Sa plantation est bénéfique, car on ne perd aucun de ses éléments constitutifs. Prenons le cas de ses feuilles qui peuvent nous procurer de l’huile essentielle. Son ennemi principal, ce sont les feux de brousse », a-t-il expliqué. Cet entrepreneur a engagé 50 ouvriers, dont 25 femmes.
Manjato Razafy