
Le temps passe, les rythmes musicaux se transforment, les générations se succèdent… Une vérité générale. Comme tous les pays du monde, Madagascar suit la vague. Vastes sont les sonorités qui raisonnent dans la Grande île où la multitude de cultures se transmet entre différents groupes sociaux. Les aînés font écouter à leurs petits frères leur style musical. Pendant que le cadet, de son côté, crée des modes de vie tout en calquant celui du grand frère. Et enfin, le benjamin mélange le tout pour donner sa propre touche.
Cependant, un écart se creuse. D’autant que les mœurs se propagent d’une manière lente. La base de la culture s’effrite peu à peu alors qu’une autre base se forme progressivement. Ce fossé engendre une guerre de génération. « Les rythmes actuels n’ont rien à voir avec ceux qui remplissaient les pistes de danse il y a 30 ans » a avancé Alain Geffroy, un mélomane des années ‘80. Ce qui paraît logique, car son paternel, en écoutant les musiques qu’il composait pendant sa jeunesse, ne trouvait pas de bonne mélodie. La mondialisation s’avère être un atout et une faiblesse de la génération actuelle. Il est certain qu’elle élargit les horizons et est une zone de confort pour la jeunesse. Les talents ont plus de chance de se démarquer. Les instruments de musique sont démocratisés, cela permet aux jeunes de s’en procurer. Les matériels de studio remplissent les magasins bien que les qualités varient selon le pouvoir d’achat.
Quoique la musique soit considérée comme universelle, les notes de musique sont des éléments constituant une identité. Ainsi, chaque groupe social compose sa propre musique. « La musique urbaine, le hip-hop, le rap, le reggae, le reggaeton, le coupé-décalé, toutes les musiques provenant du Nigéria qualifiées d’Afro-beat sont très prisées par la jeunesse de Madagascar. Et la musique tropicale, ce sont toutes les musiques qualifiées de légères et entraînantes, genre pour danser l’été ; bref de la musique des tropiques par exemple, le séga, la maloya, le zouk, le bossa-nova, le calypso et j’en passe et des meilleurs » explique Michael Siatothro, un ancien producteur du temps de Discomad. En effet, les musiques traditionnelles jouées par les ancêtres transmises essentiellement par la tradition orale, auditive et visuelle, comme les contes traditionnels, sont rarement écoutées actuellement. Actuellement, le salegy, le basesa, l’antôsy, le batrelaka et tous les rythmes du Sud de Madagascar sont fusionnés. Les musiciens conservateurs jugent que les mélodies traditionnelles sont dénaturées par la jeune génération. Toutefois, la fusion est le seul moyen de conserver le patrimoine immatériel comme la musique traditionnelle.
Iss Heridiny