
Les légumineuses présentent de nombreux avantages, sur plusieurs niveaux, selon la FAO. Celle-ci lance un appel ouvert, en vue de la préparation de la Journée internationale des légumineuses et de trouver des solutions pour promouvoir le développement de cette filière.
Une production qui n’arrive pas à satisfaire la demande. C’est ce qui marque la filière des légumineuses à Madagascar, d’après les résultats d’une courte opération interne de prospection menée en 2020 par le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage, dans les régions Androy, Anosy et Atsimo Andrefana. Selon ce département, les quantités produites ne satisfont pas les besoins de consommation rurale et urbaine. D’après les informations relayées par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), cette prospection n’a permis d’identifier que 34 tonnes de niébé, 448,5 tonnes de maïs, 106 tonnes de haricot blanc, 600 tonnes de pois du cap. En effet, ces productions sont tellement faibles que l’État a rencontré des difficultés pour s’approvisionner en légumineuses, durant l’opération de protection sociale “vatsy tsinjo” à Antananarivo entre mars et mai 2020. « Les légumineuses présentent des avantages non négligeables et il est impératif de diriger les réflexions sur l’importance des légumes secs pour l’agriculture durable et l’agroécologie », a indiqué le secrétaire général du ministère en charge de l’Agriculture, Désiré Tilahy.
Hausse de la demande. Sur le marché local, aussi bien que sur le marché international, les légumineuses présentent de bons potentiels à exploiter. Cindy Brown, présidente de la Confédération Globale des Légumineuses (CGL), apporte des explications sur cette tendance haussière de la demande. « Depuis le début de la pandémie de Covid-19, certains producteurs de denrées alimentaires à Madagascar ont subi des pertes d’aliments non périssables et d’autres aliments nutritifs car les habitudes de consommation ont évolué vers des produits de base moins chers. Les consommateurs se sont tournés vers des aliments de longue conservation comme les légumineuses. Les consommateurs ont cuisiné plus de repas à la maison et ont moins mangé au restaurant. Et ils ont considérablement augmenté leurs achats de nouveaux produits à base de plantes. Les consommateurs sont plus attentifs à la protection de leur santé et, par conséquent, beaucoup d’entre eux se concentrent davantage sur des aliments plus sains comme les légumineuses. Les gens consomment des aliments spécifiques pour renforcer leur système immunitaire. Le comportement d’achat a également fait une différence, car la pandémie a entraîné une plus grande sensibilité aux prix pour de nombreuses personnes. Aujourd’hui, le nombre de consommateurs pour lesquels la durabilité est un facteur majeur dans leurs décisions d’achat et de consommation a considérablement augmenté », a-t-elle indiqué.
Concertation. Dans l’optique de développer la filière, une mobilisation est initiée par la FAO, notamment à l’occasion de la Journée internationale des légumineuses qui sera célébrée le 10 février. Le 25 janvier prochain, une réunion de préparation est organisée, en mode virtuel, pour concocter cet événement. « Cette année, la FAO encourage les États, les entreprises du secteur privé, les organisations de la société civile, les médias, les partenaires au développement à profiter de cette occasion pour réfléchir et se coordonner pour pousser la transformation positive de cette filière vers le durable, le résilient et l’inclusif », ont communiqué les responsables auprès de l’organisation. D’après le Représentant de la FAO, Mbuli Charles Boliko, il est impératif d’encourager la recherche, d’orienter l’attention des décideurs sur les mesures à mettre en œuvre, de mobiliser tous les acteurs pour relever les défis que représente le commerce des légumineuses et de défendre leur meilleure utilisation dans les rotations de cultures. En effet, les échanges durant une séance en ligne dédiée à des discussions en panel sur les mesures à mettre en œuvre pour améliorer la filière des légumineuses ont fait ressortir les besoins de sécurité semencière assurant une disponibilité et un accès à des semences de qualité aux producteurs, de l’application d’une meilleure gouvernance des produits phytosanitaires et pesticides, de la structuration des acteurs au niveau national, de l’amélioration voire des constructions d’infrastructures de base et de marché, de la mise à disposition et un accès à des biens et services habilitants, de meilleures informations et veilles stratégiques, à des interventions et des règlementations sensibles au genre, à la nutrition et à la réduction des pertes et gaspillages alimentaires.
Antsa R.