Une femme coiffée d’ordure, de pollution, couronnée de câbles de téléphériques. La femme a une bougie à la main, un drapeau rouge, vert et blanc qui couvre les épaules, un bijou fait le tour de son cou, chaque perle est gravée : “rano, vary, oil”… C’est l’œuvre de Maherisoa Rakotomalala qu’il a appelée Tana. La semaine dernière, cette image a été publiée maintes fois sur les réseaux sociaux, en l’occurrence sur Facebook.
La source d’inspiration est la réalité. « Ce qui passe dans notre ville , toutes les actualités qui font le buzz sur les réseaux sociaux et dans les quartiers, je les ai tous transcrits et assemblés en une seule image », a-t-il avancé. Effectivement, la capitale de Madagascar va mal. Elle est malade, souffre. La ville des Mille est exsangue et impuissante. L’inondation a aggravé la situation. Alors, c’est avec un cœur plein de tristesse que Maherisoa Rakotomalala a pris sa tablette et a tracé cette belle esquisse. Le peintre a choisi une femme comme figurine, « tout simplement parce que ce sont les femmes (les mères) malgaches qui en souffrent le plus, surtout celles qui ont des enfants. Elles s’occupent de la maison, de la nourriture ; les hommes, eux, sont parfois absents et ne sont pas au courant de ce qui se passe. D’autre part, la femme a un rapport avec la ville, la capitale qui est un mot feminin ». L’image de Maherisoa reflète la vie quotidienne de la capitale. En effet, ces deux dernières années, la population tananarivienne a assisté à des augmentations fulgurantes des prix des denrées alimentaires de première nécessité sans que les autorités compétentes ne lui donnent des explications convaincantes. Ces derniers temps, l’eau coule rarement dans les cuviers. Les robinets sont coincés, voire rouillés. Nos corps émettent une odeur suffocante. Certains prennent des bains d’eau de Cologne. Et quand les aisselles transpirent, ça se transforme en une “ colonne d’eau ”. Une vraie distanciation sociale.
En matière de transports, on évoque toujours ces transports informels et les problèmes qu’ils engendrent : véhicules en mauvais état, pollution, insécurité routière, concurrence déloyale avec les transports régulés, manque de professionnalisme.
Iss Heridiny