
L’histoire a fait savoir que les Antakarana sont des peuples issus de la lignée des Sakalava. Persécutés par leurs grands-frères, ils décident de mettre le cap sur le Nord et forment un royaume. En perpétuel contact avec des peuplades habitant dans cette contrée, le royaume Antakarana connaît un mélange de culture.
En outre, les règles de succession et les législations sont plus ou moins calquées par les pays islamisés à savoir le Zanzibar et autres pays musulmans riverains de l’Océan Indien.
A la mort d’un Mpanjaka, son successeur est élu en principe par toute la population antakarana réunie, hommes et femmes. Les femmes antakarana, en effet, ont toujours voix au chapitre et si elles ne dirigent pas, elles n’en ont pas moins parfois une grande influence. Étant une société machiste depuis sa création, il est à remarquer qu’au contraire des Sakalava, il n’y a jamais eu de reine antankarana, la coutume interdisant de choisir une femme comme Mpanjaka. Par ailleurs, quand il y avait plusieurs candidats, leurs partisans en venaient aux mains. Très souvent le choix des nobles et des conseillers était déjà fait, et rien n’était plus facile à une petite oligarchie de faire consacrer légalement son choix par la foule. Le Mpanjaka a surtout un pouvoir religieux, il est l’intermédiaire entre les ancêtres et son peuple, lui seul peut leur demander nommément leur protection dans les cérémonies royales. Il est ainsi le protecteur et le garant de la prospérité des Antakarana. Le mât de pavillon, symbolisant la présence des ancêtres et la continuité du royaume, reste debout au village royal, Ambatoharanana, près de la demeure du Mpanjaka en vie. Celui-ci a, pour ses sujets, un caractère sacré ; il incarne à leurs yeux non seulement toute la lignée royale mais le peuple entier. Il est le maître de la terre ; en tournée sur son territoire, il est partout chez lui et les andriana ou les rangahy lui cèdent leur

maison. Il exerce aussi la justice dans des différends civils entre ses sujets. Le plaignant peut porter l’affaire, d’abord devant le rangahy local, ou un andriana, puis devant le manantany, puis en dernier appel devant le Mpanjaka, ou directement devant celui-ci, à son choix. Le Mpanjaka écoute la plainte, interroge les témoins, consulte le rangahy ou le manantany intéressés qui jouent le rôle d’assesseurs. Dans les grosses affaires, surtout celles pouvant avoir des répercussions politiques, le manantany seul est consulté, Des notables peuvent également être appelés, mais, en aucun cas, les andrina ne sont assesseurs en matière civile car ils sont très souvent parties dans les litiges (rizières, troupeaux, terrains, successions). Les arrêts royaux sont en dernier ressort. À l’époque de la colonisation, il était rare que le perdant s’adresse ensuite à la juridiction française, mais cela arrivait. Pour les délits et les crimes, avant l’établissement de l’administration française, le Mpanjaka jugeait selon les coutumes, les peines étaient : l’exposition au pilori pendant plusieurs heures et non plusieurs jours, le paiement d’amendes et dommages-intérêts, la fustigation au nerf de bœuf, la confiscation des biens, et la mort par immersion dans la mer attaché avec une pierre au cou. Seul Le traître Njakalagnitsy eut la tête tranchée et son corps resta exposé à la merci des charognards. C’est le seul exemple d’exécution sanglante car l’Antakarana répugne à l’effusion de sang, en dehors des guerres. Durant les 30 années de règne, Kozobe le créateur du royaume Antakarana a instauré une institution forte et qui perdure jusqu’à nos jours. D’après les historiens, “ ce personnage était le premier zafinifotsy connu et c’est lui qui marque un tournant dans toute la généalogie Antakarana ”. En 1639, le grand Kozobe a rendu l’âme et a été enterré à Nosy Komba. Le royaume Antakarana a connu son apogée vers la deuxième moitié du XVIIIe siècle.
Recueillis par Iss Heridiny