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lundi, juillet 21, 2025
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Cachez-moi ces misères que je ne saurais voir…

Ana et Batsirai, les deux phénomènes climatiques ont révélé par leurs effets un dysfonctionnement de la société malgache. Du moins, pour l’instant, au lendemain de la seconde catastrophe, il semble qu’on soit face à deux indifférences, la première, quand les ravages d’Ana (surtout inondations et donc sans-abri), alors que les journaux édités essentiellement dans la capitale ont consacré largement dans leurs écrits les dégâts subis par une partie de la population de la capitale ; l’autre partie, plus de la majorité des Malgaches de l’île, compatit seulement du bout des lèvres.

Puis, la seconde indifférence pointe avec Batsirai qui, au début, a semé un effroi national à la lumière de ce qui s’est passé à La Réunion et à Maurice, mais cette crainte générale s’est estompée car le cyclone « n’a frappé » que la partie sud de l’île. Les deux attitudes ne sont pas seulement une vue de l’esprit des deux regards divergents et les posts sur Facebook le montrent bien, nonobstant de la réduction de son audience, quand on voit l’insensibilité des non sinistrés envers la situation déplorable des victimes, l’on est en droit de se demander si la solidarité nationale (si tant est qu’elle a existé) présente des fissures, si cette notion mille fois répétée de « Fihavanana » n’est qu’un leurre.

« La solidarité c’est-à-dire ce sentiment de responsabilité et de dépendance réciproque au sein d’un groupe de personnes qui sont moralement obligées les unes par rapport aux autres », nous est-elle devenue vaine ? Oui, le sociologue Emile Durkheim avait dit que cette solidarité dite « mécanique » propre aux sociétés traditionnelles a laissé la place à une solidarité dite « organique » plus individualiste en raison de « la division sociale du travail ».

Mais de là à ceux que certains disent sans complaisance. « Où va-t-on aller en vacances ? » ou que d’autres enchaînent avec mépris « Pourquoi nous a-t-on imposé la zone rouge, alors que nous n’étions pas concernés, ce qui nous a gâché notre week-end et notre business ». Oui, encore chantonne la comptine « Basy iray ve de mba ampy… ».

Et le « Fihavanana malagasy » ? Oui, il existe bien encore mais quand les scientifiques expliquent que grâce à ce concept nous n’avions pas connu de guerres civiles malgré nos diversités ; qu’on ait connu cette paix « sociale » en dépit des crises politiques successives, oui mais n’oublions pas qu’il est fondé sur le consensus « L’on tait ce qui divise » parce que le groupe camoufle l’individu.

Et cette situation de survie économique qui mine le moral de tout un chacun, combinée aux désastres dues aux catastrophes naturelles aura bien raison, nous ne le souhaitons pas, de la légendaire maxime : « Trano atsimo sy avaratra, ka izay tsy mahalena ialofana ». Une maison au sud et une au nord, on s’abrite sous celle qui ne coule pas. Et elle est bien de circonstance.

Quand les institutions religieuses font mine de ne pas regarder les sans-abri et ferment à double tour leurs beaux édifices, on peut dire que « c’est l’hôpital qui se fout de la charité ! ». Quand nos compatriotes à 4×4 rutilantes évitent les routes inondées et les naufragés, il n’y a même pas la place à l’altruisme ! Quand ceux qui ont une maison bien encore intacte détournent leurs regards de leurs voisins sinistrés, où est l’entraide ? Et ne parlons pas de ces sociétés à vocations caritatives, elles organiseront bien plus tard des « dîners » de charité. Enfin, nos politiciens dont le fond de commerce est constitué par la misère du peuple, attendent bien les prochaines campagnes électorales pour se manifester.

M.Ranarivao

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