Madagascar attire beaucoup d’étrangers qui sont les vecteurs de nouvelles cultures, influant les mœurs de la population locale. C’est pourquoi, la région devient multiraciale et multiculturelle. Si avant la période coloniale, le pays était fortement attaché à la tradition des ancêtres, l’administration française à son tour exerce sa « mission civilisatrice ». Elle apporte aussi un nouveau mode de vie et de pensée, et surtout une religion qui va contrecarrer les cultes des ancêtres.
Le protestantisme s’était implanté à Iarivo bien avant la période coloniale, apporté par des missionnaires anglais. Puis, le courant religieux s’étend dans le centre Nord. D’après le témoignage d’une famille, ces protestants pratiquent leur culte sous forme de cercles religieux et à côté du temple se trouve un cercle d’étude biblique et avec une chorale réservée uniquement à leurs membres. Dans la ville d’Analalava, le quartier des pasteurs des Merina se trouve à Ampasikely, à l’extrémité nord de la ville. En outre, l’édifice religieux catholique s’installe avec les pacificateurs. Les Merina et les Betsileo figurent parmi ses nombreux fidèles et sont toujours considérés par les habitants comme des Vahiny.
Par ailleurs, à part les Malgaches, les Indiens, les Arabes et les Comoriens se préoccupent de l’Islam et des activités économiques. Ils monopolisent le commerce régional. La majorité des dokany (magasins) leur appartiennent dans la partie ouest de Madagascar. Mais, rares sont parmi eux, ceux qui prennent une femme malgache en mariage. Malgré la présence de ces étrangers, l’intérêt régional est toujours entre les mains du pouvoir colonial, le nouveau « maître de la terre ». En outre, les Français sont toujours gagnants en détenant en effet des pouvoirs dans tous les domaines.
En revanche, avec l’arrivée du gouverneur général Marcel Olivier (1924-1930), le conseil des notables est créé en 1926 et la désignation des rois qui se fait dorénavant par élection, est contraire à la tradition sakalava. En effet, l’administration coloniale veut civiliser les dynasties royales, parmi les moyens pour l’atteindre figurent la monétarisation et la scolarisation. Alors, quelques familles riches ont bénéficié du commerce, particulièrement le marché de bovidés dont la région est le fief. Avec le système d’indigénat, l’écart entre les riches et les pauvres s’élargit. Par conséquent, l’autorité de l’ampanjaka bemihisatra se déforme et diminue à cause de la montée de certains groupes sociaux éduqués, les Makoa, favorisés par l’implantation des écoles officielles et par les différents secteurs d’activités économiques. Enfin, les infrastructures coloniales, d’après les traditionalistes sakalava sont jugées comme un nouveau danger à la civilisation des ancêtres.
Recueillis par Iss Heridiny