Le féminisme a toujours été un cheminement naturel, l’histoire le rappelle avec ces quatre femmes dont le combat a été d’affirmer la femme. Sûrement, elles auraient mené des luttes avec grande ferveur même si celles–ci ne concernaient pas le statut de la gente féminine. Tout simplement, des esprits en quête de justice et d’égalité.
Lü Bicheng, une chinoise en avance sur son temps
Lü Bicheng (1883–1943) fait partie des plus grandes féministes de l’histoire. A tout juste 21 ans, elle devient le rédacteur d’un journal chinois. Avant, elle était journaliste chez « Dagong bao ». Dans laquelle elle publie déjà des articles retentissants comme « Le courage est important dans la défense des droits des femmes », « Sur la promotion de l’éducation des femmes ». Sur ce dernier point, la jeune femme était particulièrement active. Dans une Chine, où l’éducation des femmes est déconsidérée.
Tant et si bien qu’elle réussit à se hisser au même rang que l’« élite masculine » chinoise. Une vision du développement intégrant les femmes éduquées comme apport supplémentaire voit alors le jour. Une force de plus pour la nation. Cerise sur le gâteau, pour casser avec le conformisme ambiant, elle a choisi une vie de célibat. Libérée, elle fût qualifiée dans la catégorie des « New Women ». Lü Bicheng a aussi mener des combats pour le « buddhism revival » en l’adaptant à son temps. Tout comme ses mouvements menés pour la protection des animaux.
Rosetta Tharpe, la fondatrice du rock’n’roll
Peu de choses ont été dites sur Rosetta Tharpe (1915–1973), mais elle n’est rien que moins la marraine du rock’n’roll. Elle a ainsi influencé des artistes comme Elvis Presley, Ray Charles, Jimi Hendrix, Bob Dylan, Johnny Cash, Jeff Beck et d’autres. A l’âge de 4 ans, elle commence à jouer de la guitare. Adepte du gospel, elle chante cette musique dans les « nights clubs » réputés de New York. C’est là que commence sa légende. La femme était habituellement une « baby doll » sulfureuse derrière le micro.
Avec sa guitare, « Sacrilège ! » criaient les puristes, « Étonnant ! » jubilaient les mélomanes et les découvreurs de talent. Sa chanson « Rock me » finit par rallier tout le monde. Une première chanson qui sonnait alors rock’n’roll. Sister Rosetta Tharpe meurt le 9 octobre 1973 à 58 ans. Elle a été introduite au « Rock And Roll Hall of Fame » en 2018. Des groupes comme Motörhead, AC/DC, Nick Waterhouse… se disent de l’influence du rock’n’roll à l’époque actuelle. Cette grande dame de la musique américaine a été reconnue de son vivant.
Huda Sharawi, la pionnière du féminisme
Fille d’une esclave et d’un haut placé dans la chambre basse égyptienne, Nur al-Huda Sultan (1879–1947) est considérée comme l’une des premières féministes arabes, ici en tant que langue et civilisation, sinon du monde entier. La cassure vient de son mariage forcé, à 13 ans, avec un membre de sa famille plus âgé. En grandissant, la petite adolescente se construit. D’un mariage forcé à l’autre, elle finit par atterrir dans le parti anti–colonial « Wafd ».
Elle mène un combat sur deux fronts, celui de son pays pour l’indépendance et celui des femmes, contre l’ordre établi. Bizarrement, à cette époque, posséder un journal était l’apanage des féministes. Ainsi, elle fonde en 1925 la revue « L’Egyptienne ». Active et presque happée complètement par ses actions, elle devient une des voix les plus retentissantes face à l’hégémonie masculine dans la « Ligue arabe ». Une des plus puissantes organisations rassemblant des pays arabes en cette période.
Zitkala-Sa, la Sioux aux milles combats
Zitkala-Sa (1876–1938), est une oubliée de l’histoire. Amérindienne, elle appartient à la « tribu » des « Sioux ». Elle connaît très tôt les souffrances de l’occupation coloniale, elle intègre alors à son jeune âge un internat. Le choc des cultures, les violences dont elle a été témoin l’ont poussée à écrire un livre dessus. Elle fût l’une des premières amérindiennes à accéder à une université, elle s’y démarque mais la route semble déjà toute tracée. La jeune femme sent cette flamme de la révolution brûlée en elle.
Féministe engagée, elle lutte alors pour les droits des Amérindiens. Son parcours est riche et atypique. Par exemple, en 1913, elle écrit en collaboration avec William Hanson, « The sun dance », un opéra. En 1924, elle est confrontée au non droit de vote des femmes amérindiennes. C’est une lutte de plus pour Zitkala-Sa. Elle aimait à dire qu’elle n’était « ni sauvage, ni civilisée ». Son histoire a été peu évoquée du fait de ses origines, de ses convictions et de son genre.
Recueillis par Maminirina Rado