C’est une impression diffuse mais réelle. Madagascar semble revivre une période révolue, celle que les quinquagénaires et soixantenaires ont connu dans leur jeunesse. Ils retrouvent cette atmosphère de vie chère qui régnait dans les années 80 quand un climat de tension régnait sur la scène internationale. Aujourd’hui, la guerre russo-ukrainienne nous plonge dans une perspective de grave crise économique et d’inflation galopante. Il n’y a pas de pénurie pour l’instant, mais la population n’a pas les moyens de s’offrir les produits nécessaires. Bien que le contexte soit différent, on ne peut pas s’empêcher de constater que la Grande île, comme dans les années 80, a opéré un rapprochement avec la Russie.
Un retour vers le passé
Il n’est pas question de discuter des décisions prises par le pouvoir en matière de politique étrangère. La position adoptée est celle de la neutralité dans le conflit russo-ukrainien. Les termes de non-alignement ont été employés. Le régime a affirmé que le pays était souverain. C’est dans le cadre de cette souveraineté qu’un accord de défense a été signé avec la Russie. Le contexte international est tendu et la Grande île doit en subir les conséquences comme tous les autres pays. Les dirigeants doivent faire preuve d’un certain savoir-faire pour aider une population qui est en train de sombrer dans la misère. C’est vers ses partenaires de la communauté internationale qu’ils doivent se tourner. Ils ont l’obligation de manœuvrer habilement pour ne froisser personne. Pour le moment, ils ont été très prudents dans leur manière d’aborder les bailleurs de fonds. L’opinion fait preuve d’un certain attentisme, mais on sent chez la plupart un certain bouillonnement intérieur. La pression est très forte et elle risque de s’exprimer de manière violente si le pouvoir n’y prend pas garde.
Patrice RABE