
Un procès pas comme les autres se tient ce matin à 8 heures à la salle n°2 du Palais de Justice à Anosy.
Après être passé devant la Brigade criminelle et le juge d’instruction, le dossier a été inscrit au rôle d’audience de ce jour du Tribunal correctionnel. Il s’agit d’une affaire assez singulière de par la qualité respective des parties avec côté plaignant l’Avocat général auprès la Cour des Comptes, Jean-Michel Rasolonjatovo et côté défendeur, l’ancien ministre et enseignant à l’Université de Fianarantsoa, Dieudonné Michel Razafindrandriatsimaniry.
Abus de pouvoir. Les faits remontent en 2011, du temps où les deux « Michel » étaient en poste à l’Ambassade malgache à Tripoli. Le magistrat occupait le poste de Conseiller et le professeur, celui d’Ambassadeur. Il s’agit d’une affaire pénale car portant sur des « abus de pouvoir, abus de confiance, abus d’autorité, non-assistance à personne en danger et détournement de deniers publics ». Même s’il est à la Cour des Comptes, le demandeur va lui-même plaider sa cause devant le tribunal correctionnel. En plus d’être publiciste, il est effectivement titulaire d’un doctorat en droit privé. Qui plus est, en droit pénal.
Abandon de poste. La plainte a été déposée en 2013 pour éviter la prescription des faits reprochés à Dieudonné Michel Razafindrandriatsimaniry par Jean-Michel Rasolonjatovo. Selon ce dernier qui agit en tant que « justiciable comme un autre » et non pas en tant en sa qualité de magistrat, le premier avait suspendu son salaire pour le réduire même par la suite de 1/3 « pour cause d’abandon de poste » en Lybie, alors qu’il s’était rendu en Tunisie pour se faire soigner. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il estime que « l’abus de pouvoir et l’abus d’autorité » par l’Ambassadeur de l’époque, avaient mis en péril sa vie, d’où la plainte pour « non-assistance à personne en danger ».
Règlement de comptes. En fait, le procès de ce jour pourrait prendre l’allure d’un véritable « ampamoaka » ou règlement de comptes dans la mesure où l’ancien Conseiller accuse l’ex-Ambassadeur d’ « abus de confiance et de détournement de deniers publics ». C’est d’ailleurs la matière de prédilection de l’Avocat général auprès de la Cour des Comptes qui estime que les gouvernants doivent justifier l’utilisation de l’argent du contribuable. Dans le cas d’espèce, il s’agissait de devises sonnantes et trébuchantes.
R. O