« La jeunesse, un capital humain au service du développement ». Tel a été le thème de la première conférence organisée par l’université ESUM (Ecole Supérieure de Management) à son siège la semaine dernière.

À cette occasion, le Pr David Rakoto, le recteur de cette université privée, a exposé que la croissance économique ne peut se faire sans l’amélioration du capital humain et le développement des technologies. Parlant du capital humain en particulier, deux éléments essentiels sont indispensables à son amélioration, à savoir, la santé et l’éducation. En effet, « un individu malade devient moins productif et par la suite une charge sociale. Cependant, les dépenses publiques allouées dans le secteur santé sont de l’ordre de 1% par rapport au PIB (Produit Intérieur Brut). Et cela a une corrélation avec l’espérance de vie à la naissance qui est de 65,5 ans à Madagascar », selon ses explications. Concernant le secteur éducation, une forte dégradation de l’enseignement surtout en termes de qualité est observée. « Selon une étude menée en 2013, on a enregistré que 75,62% des enseignants dans les primaires sont sans diplôme alors que la part des dépenses publiques allouée par l’Etat à l’éducation n’est que de 3,01% du PIB. L’objectif de Madagascar à l’horizon de 2030 est d’accroître cette part à 5%. Ce secteur est fortement négligé. On craint ainsi que le capital humain ne se dégrade et ne pourra participer au développement du pays », a enchaîné le Pr Rakoto David.
Augmenter jusqu’à 20% du PIB. Nombreuses sont ainsi les recommandations émises lors de cette conférence-débat organisée par l’ESUM. À titre d’illustration, il faut investir davantage dans le capital humain. Pour ce faire, une hausse des dépenses publiques allouées aux secteurs santé et éducation s’impose, et ce, d’une manière progressive. « L’Etat doit ainsi augmenter ses dépenses en santé à raison de 2% par an de son budget. Il faut également assurer la décentralisation effective des projets oeuvrant dans ce secteur ainsi que l’équité en termes de services de santé, sans oublier la couverture sanitaire universelle. L’augmentation des contributions des ménages n’est pas en reste », a-t-il soulevé. « Pour l’éducation, Il s’avère important d’augmenter jusqu’à 20% du PIB les dépenses de l’Etat, hors aide extérieure tout en maintenant à 25% la part des dépenses allouées dans ce secteur par rapport au budget national », d’après toujours ses dires.
50% de la population vit dans l’extrême pauvreté. Quant à Pr Rado Ratobisaona, il a rapporté que la population malgache est jeune avec un âge moyen de 22,4 ans, selon le recensement de 2018. « Mais seulement 4,8% d’entre elles ont franchi l’université. Le taux d’activité de la population est de 95,8%. Le reste est ainsi en chômage. Mais pour 100 individus occupés, ils ont 164 personnes à charge. En outre, 80,5% des travailleurs exercent un métier indépendant tandis que 3 personnes sur 4 travaillent dans le secteur primaire. En conséquence, plus de 50% de la population vivent dans l’extrême pauvreté. Investir dans le capital humain n’est pas seulement l’affaire de l’Etat mais aussi de chaque individu », a-t-il soulevé. Et lui de préciser que le capital humain désigne l’aptitude et le talent qui rendent un individu plus productif tout en ayant l’aptitude d’analyser, d’anticiper et d’innover face une situation quelconque. « L’éducation est un filtre de classement et un repère social permettant de bien sélectionner », a-t-il poursuivi.
Défiance des ménages. Par ailleurs, le PDG de l’ESUM, Tovonanahary Rabetsitonta, a réitéré que le secteur privé a besoin d’un capital humain de qualité pour être plus performant en matière de création de richesse. Une formation à la carte est ainsi proposée par cette université privée pour améliorer les performances des travailleurs. « Même s’il y beaucoup d’investissements directs étrangers qui viennent, on ne pourra pas développer un pays sans une amélioration du capital humain. Mais quid de la défiance des ménages à y investir lorsque l’on trouve plusieurs étudiants diplômés au chômage dans le pays ? », a-t-il conclu.
Navalona R.