
La fusion pérennise la musique. Certes, elle dénature quelquefois l’originalité, mais elle est également un moyen de converser le patrimoine immatériel. Actuellement, bon nombre d’artistes se mettent à mélanger des sonorités, qui par conséquent, produisent un rythme déterminé.
La «trapicale» en est un exemple concret. Devenu tendance dans la Grande-Ile depuis une décennie, ce genre musical inonde les ondes. Si on décompose ce mot, on obtient tropical et trap. La trap est un courant musical issu du dirty south qui a émergé au début des années 2000 dans le sud des États-Unis, elle se caractérise par son contenu lyrique et un son particulier, lié notamment à l’utilisation d’une technique vocale assez particulière, le chanteur semblant bégayer. Issue de la culture hip-hop, la trap gagne les oreilles des Malgaches à partir de 2010. Elle est surtout considérée comme le rap moderne car elle incarne le futur. Ainsi, les soi-disant rappeurs futuristes s’y mettent, produisent des chansons, et séduisent facilement la nouvelle génération. Pour ne pas être démodés, les «middle», c’est-à-dire les rappeurs de la génération 1990 laissent peu à peu les « flow» à la Boom Bap, un courant musical très écouté entre les années 1990 et 2000 et changent leurs techniques vocales. Cette déviation est souvent critiquée par la vieille école de la culture hip-hop de Madagascar. Cela n’empêche pas les adeptes de la trap à continuer leur route. Au contraire, le succès frappe à leur porte, ils enchaînent les concerts un peu partout à Madagascar. Depuis, des rappeurs connaissent une ascension fulgurante en l’espace de trois ans. Shadow banks à Toamasina, Ngiah Taxe Olo fotsy à Sambava, Yo Kenny d’Antsiranana, Gigsta du groupe Elita dans la Capitale deviennent des idoles. Ils ont pu répandre leur idée musicale sur toute l’île. Dès lors, des beatmakers créent des mélodies similaires à la trap et vendent leurs compositions à des artistes en herbe. Bien entendu, ceci est le facteur principal puisque la trap semble une source de célébrité, des artistes hors de la culture hip-hop tentent de s’aventurer dans le domaine. D’autant plus, des compositeurs influencés, eux aussi, par ce genre musical, fusionnent la musique dite « tropicale » et le trap. Floginot Bezara est l’un des « maestro » à brasser les deux sonorités. En produisant la musique de Vaiavy Chila, Floginot procure de la notoriété. Initiateur de la «trapicale», il peut être satisfait de ses œuvres. En 2018, les artistes chantent sur la «trapicale». Mélange entre salegy, bahoejy et la trap engendre un syncrétisme musical, proche de la trad-fusion. En effet, la musique tropicale malgache est née d’un mélange entre les textes empruntés à la musique traditionnelle et des sonorités hybrides. Des rythmes variés sont mélangés dans une chanson de quatre minutes, une « variété malgache ». L’année 2010, la musique tropicale revêt une autre figure. Les chanteurs de musique tropicale produisent encore plus. Sortir un morceau audio n’est plus un problème, la seule préoccupation, c’est comment réaliser une vidéo colorée. La démocratisation des appareils numériques contribue à l’évolution de la musique tropicale malgache. En 2016, on trouvait des petits réalisateurs dans presque chaque quartier. Dès lors, les artistes se rapprochent de plus en plus de leur public.
Iss Heridiny