Le duel à distance entre Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana risquerait de s’intensifier au fur et à mesure de l’approche de la date du scrutin.


Une précampagne avant la lettre. Un an et demi avant le grand rendez-vous de la présidentielle de 2023, tous les états-majors politiques se mobilisent pour préparer le terrain. Mais les deux partis protagonistes, principaux rivaux ayant occupé la scène politique malgache depuis 2008 sont les plus en vue et affichent le plus leur détermination. La bataille est déjà engagée entre le « Isika Rehetra miaraka amin’i Andry Rajoelina » et le « Tiako i Madagasikara ». Certes, il y a d’autres forces politiques qui se préparent aussi à prendre le départ sur les « starting blocks », mais c’est plutôt d’une manière timide, du moins pour le moment. À l’exemple du député Siteny Randrianasoloniaiko qui lui, préfère entamer les préparatifs par des travaux de couloirs et des négociations organisées en catimini avec les différents acteurs politiques, surtout ceux qui sont natifs des cinq autres provinces. Reste à savoir si ce candidat qui ambitionne de jouer les trouble-fêtes, et qui se considère comme le grand outsider, réussira son pari.
Marée orange. De leur côté, l’actuel homme fort du pays Andry Rajoelina et son rival de toujours, Marc Ravalomanana, sont déjà en train de mener une bataille à distance. Ce dernier, actuellement âgé de 73 ans, refuse d’abdiquer. Pour lui, hors de question de présenter une relève en 2023. Pas plus tard que le samedi 3 mai dernier, les deux finalistes de la dernière élection présidentielle de 2018 ont eu un duel à distance lors d’un meeting organisé à Morondava pour l’actuel locataire d’Iavoloha et à Ambatondrazaka, une ville connue et reconnue comme étant son fief, pour le numéro Un de l’Empire Tiko. Accompagné de toute son équipe, ainsi que des députés élus sous les couleurs du « Tiako i Madagasikara », Dada a réussi un grand rassemblement populaire dans la capitale de l’Alaotra Mangoro. Mais Zandry Kely n’a pas non plus démérité lors de son déplacement dans la région Menabe. Une foule immense a assisté à son meeting qui s’est tenu au bord de la mer de Morondava. On remarque d’ailleurs que lors de ses derniers déplacements en province, le président Andry Rajoelina n’a cessé d’adresser des messages politiques ou de lancer des piques à l’encontre de ses adversaires. Durant le week-end, les partis politiques et associations pro-Rajoelina se sont donnés rendez-vous à Antsiranana pour assister au congrès du « Tanora malaGasy Vonona » dans les régions SAVA et DIANA. Le tout Diégo était envahi par une véritable marée orange. Une démonstration de force durant laquelle les responsables du parti ont clairement affiché leur détermination à affronter les élections à venir.
Redynamisation. Faut-il rappeler que pas plus tard qu’il y a environ un mois, une rencontre de ce genre a déjà été organisée à Fianarantsoa avec la présence du Premier ministre Christian Ntsay et de tous les hauts responsables étatiques natifs des régions Haute Matsiatra et Amoron’i Mania. Actuellement, le parti au pouvoir est en train d’élaborer une stratégie pour renforcer les bases en vue de la prochaine échéance électorale. C’est aussi le cas du « Tiako i Madagasikara » qui poursuit la redynamisation du parti dans les districts et régions. C’était notamment le cas samedi dernier à Imerintsiatosika, district d’Arivonimamo où les partisans de Marc Ravalomanana dans cette localité ont procédé à l’élection du nouveau bureau politique du TIM au niveau dudit district. À cette occasion, le député d’Arivonimamo, Rodin Rakotomanjato a clairement annoncé qu’ « Andry Rajoelina ne doit plus et ne sera plus réélu en 2023. On doit tout faire pour que le président Marc Ravalomanana puisse être élu président et revenir au pouvoir », a-t-il déclaré. Pour y parvenir, le clan Ravalo entame toutes les démarches auprès de tous les organes contribuant à l’organisation des élections. Comme ce fut le cas vendredi dernier au Novotel Alarobia. Marc Ravalomanana a profité de la séance d’information et de sensibilisation sur le cadre légal relatif aux élections, organisée par la Haute Cour Constitutionnelle pour interpeller le président de cette institution, Florent Rakotoarisoa par rapport à la liste électorale. À un an et demi du scrutin, il réclame une refonte totale de la liste. En tout cas, ce duel à distance entre Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana pourrait s’intensifier au fur et à mesure de l’approche de la date du scrutin. Avec toutes les suspicions qu’engendrent les élections, le risque d’un scrutin sous tension n’est pas à écarter.
Davis R