
La musique des années soixante et soixante-dix reflète la réalité d’une frange de la société malgache de la première décennie de l’Indépendance. La présence de la culture française au sein de la société citadine est la continuation du phénomène d’acculturation durant la période coloniale.
Effectivement, durant la Première République, la culture établie dans la Grande-Île est un brassage du traditionalisme et de la culture française héritée de la colonisation. À l’époque, cette fusion est considérée comme la voie vers le progrès. Cependant, la préservation de l’authenticité et la francophilie semble en contradiction. Des courants musicaux venant de l’Occident inondent les ondes à la deuxième moitié des années 1960. Le mouvement yéyé et ses dérivés sont nés en France comme contrecoup de la culture établie.
Les aînés quittent la scène. Selon une historienne spécialiste en musique et société, « à Madagascar, ce genre musical disparaît au moment où les artistes yéyé s’éloignent de la scène. Auprès des adolescents, la musique yéyé fait progressivement place à la chanson à message social qui commence à prendre son essor. De même, les influences rock anglo-saxonnes s’imposent. La carrière des Surfs se termine même si elle n’est pas que française : elle s’étend jusqu’en Italie, en Espagne, au Canada et au Mexique. Après leur tournée au Québec en 1971, ils arrêtent d’enregistrer. Ils décident de vivre chacun leur vie. Certains s’installent à Montréal. La fin de la carrière de ces artistes yéyé est causée par le changement de la mode musicale ainsi que par leurs vies personnelles et familiales. Les Voanio disparaissent du monde musical malgache des années soixante-dix. Le groupe met fin à sa carrière en 1974. Certains continuent leurs études, d’autres fondent une famille tout comme les membres des Surfs même si les Voanio arrêtent leur carrière plus tard. Musicalement, on peut se référer à la fin des carrières des Surfs et des Voanio et des artistes qui ont gravité dans cette sphère pour dater la fin du yéyé dans la Grande île ».

Alors, au début des années 1970, une nouvelle génération d’artistes malgaches surgit. Elle adopte un style différent de leurs aînés, le rock anglo-saxon. Influencé par les hippies, membres d’un mouvement de contreculture des années 1960 et 1970, caractérisé par le rejet des valeurs conservatrices de la bourgeoisie, les adolescents des années 1970 adoptent le message de rébellion et apprécient les chanteurs à texte qui les sensibilisent aux problèmes de leurs concitoyens.
Le contenu et le contenant. La révolution dans la diffusion et dans la production de la musique est observée. La cassette audio constitue une véritable révolution dans les années 1960. Elle encourage la circulation de la production musicale en permettant pour la première fois, l’enregistrement audio domestique, à la différence des disques vinyles. La cassette audio, aussi appelée « mini cassette », a été inventée en 1961 par la marque Philips. Elle a été présentée au grand public, ainsi que le premier magnétophone, en 1963. Elle permet d’enregistrer et d’écouter de la musique ou tout autre type de source sonore. La cassette audio, compacte et solide, a été le seul support à concurrencer le disque vinyle. Ce médium très populaire a incité la circulation des œuvres musicales en permettant les enregistrements. La cassette peut contenir plusieurs chansons, plus que les 45 tours. Elle est facilement manipulable et peut enregistrer des chansons. Les chansons de nombreux artistes furent connues par leurs auditeurs de cette façon. Plus facilement manipulables, les cassettes ne craignent pas les rayures et se prêtent plus volontiers à l’usage. Ces échanges ont contribué indirectement à la construction d’une contre-culture au sein de la société malgache dans les années soixante-dix.
Recueillis par Iss Heridiny
Bravo pour votre article. Très bien détaillé et compréhensible. C’était notre belle époque.
Rocky A. harry Rabaraona
Les Surfs