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mercredi, juillet 16, 2025
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Histoire : Mai 72 en germe dans le discours de De Gaulle en 1958

De Gaulle, lors de son discours qualifié d’historique à Mahamasina en août 1958.

Sachant que la colonisation a mis à genoux, économiquement et démographiquement, le pays. En parallèle, cette période a compté des dizaines de milliers de morts, directement ou indirectement liés à des faits de l’occupation illégale de la France sur le sol malgache. Exécutions, viols, massacre collectif, famine provoquée, vol de terres des malgaches, etc… Tout cela s’est passé à Madagascar grâce à l’effort de civilisation à la française. Il ne s’est pas alors gêné de se réjouir. «… Je salue la France, la France qui a fait tant et tant ici avec ses administrateurs, ses soldats et ceux de ses enfants qui sont des hommes d’initiative, de courage et de valeur. C’est parce que la France est fière de ce qu’elle a accompli avec le peuple malgache… ».

Autant mettre les camps de concentration d’Auschwitz au rang de basse cour. Il a aussi annoncé les prémices d’une soi-disant coopération au niveau des grandes institutions de l’Etat. « Si Madagascar, comme je le crois et l’espère, ainsi que les autres Territoires et ainsi que la Métropole, décide, par le vote de tous les hommes et de toutes les femmes, de mettre en commun ce que j’ai dit, de constituer cette Communauté, alors l’avenir, un grand avenir, nous sera ouvert à tous ». Ce qui voudrait dire que la défense, la politique étrangère, la politique économique, la politique des matières premières « et aussi, dans certaines conditions, la direction de la justice, celle de l’enseignement supérieur, celle des communications », resteront toujours dans le giron des français.

Quelques mois après ce discours, Madagascar allait voter pour une « indépendance octroyée », symbolique à première vue. Cependant, les positions du dominant et du dominé sont plus ou moins restées les mêmes. Ce vote répondait à la douce appellation de « maintien de Madagascar dans la Communauté ». La Grande Île retrouve l’Indépendance en 1960, Philibert Tsiranana, chouchou des français, accède à la plus haute fonction de l’Etat. Il avait en charge, entre autres, de faire respecter l’Accord de Coopération, signée des mois avant sa prise de fonction. Histoire de mettre des gardes fous si jamais le président malgache élu se détourne du chemin déjà tracé.

D’ailleurs, De Gaulle l’a bien mentionné à Mahamasina. « Mais nous vivons, ai-je dit, au temps de très graves dangers. Car il est évident que certains peuples, mus par certains éléments, veulent sortir de chez eux pour aller chez les autres ». Le communisme étant la bête noire de la Communauté. Madagascar doit donc suivre le pas. Le président français a été même jusqu’à être plus direct. « Faute de cela, à la première occasion, vous serez, avec tout le reste, balayés ». Il est difficile de croire que la France ait vraiment rendu sa liberté aux malgaches à lire ce discours, empreint d’arrogance. Et un pied de nez pour les partisans d’une indépendance totale sans condition, sans communauté. En 1973, un nouvel Accord de Coopération est signé entre Madagascar et la France, il abroge celui de 1960. 

Maminirina Rado

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