La Banque mondiale estime que le renforcement de la transparence et de l’indépendance des institutions de lutte contre la corruption est nécessaire pour l’amélioration de la santé socioéconomique du pays.
La Banque mondiale a sorti, en mai dernier, un rapport sur les perspectives économiques dans le pays. L’étude menée par des experts de la Banque mondiale soulève plusieurs mauvais indicateurs qui plombent la croissance. Le ton est donné par Marie-Chantal Uwanyiligira, responsable des opérations de la Banque mondiale à Madagascar, dès l’entame du rapport. « Les perspectives de développement à Madagascar restent entravées par le faible potentiel de croissance du pays et par son exposition à des crises fréquentes, profondes et persistantes », soutient-elle. Et l’espoir des dirigeants de se hisser au même rang que le Rwanda en termes de performances économiques s’amenuise, selon l’analyse de la Banque mondiale. « Sur la base des tendances d’avant la crise, il faudrait environ 10 ans de croissance ininterrompue pour inverser la perte de revenus moyens survenue pendant la crise de 2020-22 et 73 ans pour atteindre le niveau de vie qui prévalait au Rwanda en 2019 », soutient l’institution.
Stabilité politique. La Banque mondiale estime que les « réformes de fond » sont cruciales. « En l’absence d’une nouvelle impulsion en faveur de réformes, Madagascar risque d’accroître son retard de développement », lit-on dans le rapport. Surtout dans ce contexte où la situation sociale affiche également un signal d’alerte. « Le mécontentement social pourrait s’intensifier dans un contexte de pauvreté croissante, de hausse de l’inflation et d’absence de réformes de fond ». Le rapport craint la rue à défaut de mesures radicales. Dans ce cas, la stabilité politique acquise depuis 2013, selon la Banque mondiale, risque de s’ébranler. Et l’histoire a retenu des mauvais souvenirs pour l’économie nationale. « La crise de 2009-13 a été particulièrement longue. Elle a eu des impacts économiques et sociaux durables, notamment la suspension des accords commerciaux préférentiels et de l’aide internationale, qui ont contribué à une forte baisse de l’activité de la qualité des services publics », a confirmé la Banque mondiale.
Ressources insuffisantes. La lutte contre la corruption est également un sujet qui n’a pas été occulté par les experts de la Banque mondiale dans leur analyse du cas malgache. « L’application des politiques de lutte contre la corruption reste limitée », constatent-ils dans le rapport publié en mai dernier. Aussi, « une autonomie financière et des ressources humaines insuffisantes pour les agences en charge de cette lutte, une absence de centrage efficace sur les domaines à forte vulnérabilité tels que le recrutement dans le secteur public, les marchés publics et le recouvrement illicite des avoirs » fait perdre de la vitesse, selon la Banque mondiale, aux initiatives des « gouvernements successifs qui ont mis en place, au fil des années, un système de lutte contre la corruption composée de plusieurs institutions dont les mandats vont de la prévention aux poursuites ». La Banque mondiale estime, en effet, « qu’un engagement renouvelé en faveur d’une plus grande transparence et responsabilisation des responsables publics sera essentiel pour rétablir la confiance et renforcer le contrat social entre l’État et la population ». Selon toujours la Banque mondiale, « les institutions dédiées à la responsabilisation, notamment les institutions de lutte contre la corruption et la Cour des comptes devraient être renforcées, ainsi que l’application des règles sur les déclarations de patrimoine, le recouvrement des avoirs et la protection des lanceurs d’alerte ».
Rija R.