
Au regard de son œuvre prolifique et de son écriture stylisée, la littérature a semblé oublier que Tsiferana Emilson Daniel Andriamalala est un écrivain « vert ». Si la description de la luxuriance de la faune malgache avait une plume, ce serait cet immense écrivain, auteur des grands classiques comme « Ny fofombadiko », « Ilay vohitry ny nofy ».
Cette essence environnementale dont l’auteur a su s’imprégner, vient sans doute du fait qu’il ait grandi à Toamasina auprès de ses grands-parents. Décidément, cette ville de la côte est malgache a été un passage obligé pour de nombreux artistes malgaches d’antan et d’aujourd’hui.
Sa famille, comme bon nombre de familles de la classe moyenne, est engagée dans la lutte anti-coloniale. De l’école protestante à Toamasina, il atterrit à l’école Paul Minault à Antananarivo. Un vivier de la littérature malgache également.
Il devient adulte, entre dans une branche du Parti des déshérités de Madagascar (Padesm). Sa rencontre avec la politique lui est douloureuse. Il fait le serment de ne plus en faire toute sa vie. Des œuvres, Tsiferana Emilson Daniel Andriamalala en a déjà écrites.
En 1943, il écrit « Antso » son premier roman où la panoplie lexicale, devenue sa signature, laissait déjà bouche bée ses contemporains. Mais derrière toute cette puissance de sa plume, se cache un parti pris pour la nature, qu’il arrive, preuve de son génie, à décrire selon la fièvre de son histoire.
Tantôt rassurante, tantôt froide, tantôt complice, tantôt magnanime… comme si les feuilles, les racines, les troncs… lui susurraient à l’oreille. Le summum de cet exercice se retrouve dans « Ny fofombadiko » (1954).
L’auteur plonge le lecteur dans un environnement tout aussi inextricable, plus puissant que la trajectoire des personnages. Les tensions se profilent quand l’écrivain fait une sorte d’effet d’annonce sur les mouvements décrits en « haute définition » d’un bois, d’un arbre, etc.
Peu de Malgaches, après lui, ont réussi à épouser une telle manière de décrire la nature dans ses œuvres. Faire de celle-ci un décor, sous une écriture presque filmique. Il ne faut pas s’étonner qu’un jour, « Ny fofombadiko » soit un des premiers livres malgaches déclinés en long métrage.
Maminirina Rado