Jean Luc Raharimanana est de nouveau au pays pour une représentation inédite, qui portera toujours sur les évènements de 1947, mais présentée autrement.
1947, encore et toujours ! Acharnement diront certains, mais conscientisation précisera Jean Luc Raharimanana. Sa prochaine représentation au Dôme rta le samedi 27 septembre portera en effet encore sur le thème de 1947. Fils d’un historien, l’écrivain, dans son enfance, a été marqué, voire même choqué par le témoignage d’une victime des évènements de 1947. « Cet homme venait de Manakara. Je ne me souviens des raisons exactes pour lesquelles il était venu chez nous, mais j’étais en admiration devant lui car il excellait dans l’art du « kabary ». Il avait de l’assurance et le transmettait à travers son art. Quand il se mit à raconter les évènements, il se mit cependant à bredouiller. Il bégayait même », se souvient-il. Plus tard, après ses études à l’étranger, quand il revenait au pays de temps à autre, il se rendait compte que les mendiants et les sans domicile fixe étaient de plus en plus nombreux. « J’ai fait un rapprochement entre le présent et le passé, et je me suis mis à analyser, car ce n’est pas un déclic que j’ai eu. Il s’agissait plutôt d’une question d’analyse. Je me suis donc dit qu’il fallait passer par la connaissance de l’histoire avant de pouvoir dénouer les problèmes du présent ». Après quelques ouvrages sur d’autres thèmes, il se mit donc à faire des recherches sur les évènements de 1947 et n’a cessé de travailler sur ce sujet, pas seulement à travers ses romans, mais également par le biais du théâtre. Et cette fois-ci, par la photographie et la musique.
Minutieux. « L’écriture ne suffit pas pour raconter les choses. C’est la raison pour laquelle il fallait que j’entraîne d’autres artistes avec moi ». Après Pierrot Men qui a déjà travaillé avec l’auteur dans « Portraits d’insurgés » et qui continuera, c’est le musicien Tao Ravao qui le rejoint cette fois-ci. « Jean Luc et moi, nous nous sommes connus il y a déjà 17 ans. En 2005, il m’a écrit une chanson ‘Miredareda’ et aujourd’hui, nous naviguons ensemble dans cette nouvelle aventure. Aventure dont je suis très fier et heureux de faire partie ». Depuis 2008, ils sont donc allés à la rencontre des anciens combattants de 1947 sur la RM1 pour discuter avec eux et recueillir leurs témoignages. Ils se sont ensuite penchés sur la manière dont ils allaient présenter la représentation. Ce samedi, Jean Luc Raharimanana prêtera ainsi sur la musique de Tao Ravao. Sa voix sera tissée dans celles, enregistrées, des témoins. Du récit d’évènement au texte de l’auteur, le spectacle explorera le récit de la mémoire, entre la distance des générations et la crudité des témoignages des faits. « Parfois, les mots ne suffisent pas. La musique prend alors le pas. Parfois, le silence s’impose. Les regards photographiés racontent ainsi ce qui ne peut être dit ou chanté ». Pour assister à « Rano rano », rendez-vous donc au Dôme rta Ankorondrano à 19h précises. « Comme il s’agit d’un travail très minutieux qui nécessite une très grande concentration et qui se fait au millimètre près, nous serons dans une configuration de boîte noire. Les retardataires ne seront aucunement admis ». Et ce n’est pas une plaisanterie !
Mahetsaka