La société, qui a fait vivre des milliers de familles depuis les années 1950, n’est qu’un souvenir. Une entreprise, une fierté régionale, voire nationale. Comme si c’était hier ! Oui, ses personnels avec le torse bombé, ses cadres en étaient fiers, ses ouvriers gardaient les pieds sur terre. Grâce à elle, les habitants de la ville du Pain de sucre avaient un pouvoir d’achat élevé, ils ne mangeaient que de la nourriture fraîche. Qu’en est-il de cette ville à présent ? Qu’en est-il de cette société qui a nourri tant de bouches ?
Les salariés de l’époque étaient des références, des professionnels ! Le rêve de tous les jeunes de la région à l’époque était de faire partie du personnel de la société de réparation et de construction navale. Une entreprise qui dominait la région du Sud-Ouest de l’Océan Indien. Effectivement, les anciens se souviennent de cette grande infrastructure qui employait des milliers de personnes. La Secren a fortement participé à la réduction du taux de chômage.
Désormais, la nouvelle génération ne voit que des bâtiments poussiéreux. Que des tas de ferrailles dans l’enceinte, la rouille s’y est installée ! Si la Secren était atteinte d’une maladie, elle serait à la phase terminale d’un cancer. Le poumon économique du Nord est perforé. Dorénavant, la ville n’est plus le centre de gravité économique de la province d’Antsiranana.
Jusqu’ici, la conservation, la protection et la préservation de patrimoine semblent ne pas faire partie de la culture malgache. On ne va pas se voiler la face, l’avènement de la Deuxième République a été un bouleversement économique à Madagascar, en général, et dans la partie Nord de Madagascar, en particulier. Une époque où la cupidité et l’irresponsabilité de certains intendants constituaient un problème majeur au niveau de la gestion des entreprises étatisées. La gabegie financière, les dépenses inutiles sont également les principales causes de la faillite des entreprises malgaches.
La dégradation de la situation politique, les régimes semi-autocratiques qui se sont succédé, le népotisme ont engendré la dégradation de la Secren. « N’allons pas accuser le directeur actuel, le problème de la Secren ne date pas d’aujourd’hui », a certifié un sociologue.
En outre, cette société a été une source de revenu pour éteindre une braise de contestation contre le pouvoir en place. Elle a également été victime de crises cycliques.
Iss Heridiny
