L’Église brise également le silence. Le conseil œcuménique des Églises chrétiennes appelle à faire cesser toutes formes de violences et s’adresse alors aux autorités.
Les vies de plusieurs civils qui sont tombées sous les tirs des éléments de la gendarmerie d’Ikongo continuent de faire couler beaucoup d’encre. Hier, dans un communiqué, le Conseil des églises chrétiennes malgaches, ou FFKM, est sorti de son silence pour aborder ce sujet préoccupant, cette « violence » selon les termes de monseigneur Samoela Jaona Ranarivelo, signataire de la déclaration et président en exercice du conseil. « Oter la vie », dans le cadre de cette affaire, n’est pas admissible aux yeux des chefs d’Églises. Mais le conseil fustige également toute initiative visant à semer le trouble. Et les tirs, et les émeutes, à Ikongo ce lundi, sont tous désavoués par les religieux.
Violences. La gendarmerie, actuellement au cœur de la vague, ne peut alors pas compter sur le soutien des chefs d’Églises dans cette affaire qui a causé d’énormes préjudices. Ils appellent « aux autorités à faire cesser toutes formes de violences et de faire régner la paix et la sécurité ». Ils exhortent aussi la population à œuvrer dans ce sens. Car leur constat est amer. Les « séries de kidnapping et le récent meurtre d’une famille à Ambolotarakely » avec cet évènement à Ikongo, et « la zizanie entre politiciens qui provoquent des incitations à la haine dans les médias », inquiètent le Conseil des Églises.
Forces vives. Le conseil prône la « vérité » et « renouer la confiance entre dirigeants et population » est, plus que jamais, nécessaire, estiment les chefs religieux. Ils insistent, à cet effet, sur la « concertation » qu’ils ont déjà avancée sur la table, il y a quelques mois. Malgré les critiques et les refus, surtout de la part des partisans du régime, les dirigeants religieux ne comptent pas abandonner le sujet. « Nous réitérons notre appel du 17 juillet (dernier), concernant le rapprochement entre les dirigeants actuels et toutes les autres forces vives » déclarent-ils dans la déclaration signée, hier, par le président en exercice du Conseil des Églises chrétiennes, monseigneur Samoela Jaona Ranarivelo.
Dialogue politique. Cette approche qui a pour vocation de « créer un élan de solidarité pour apporter une résolution pérenne », selon le FFKM, est rejetée, jusqu’à présent, par les dirigeants. Au plus haut sommet, on refuse de saisir cette perche. « Madagascar n’est pas un pays en crise » a martelé le président de la République devant les diplomates de l’Union européenne, le 8 août dernier, lors du dernier dialogue politique à Iavoloha. L’ambassadeur européen, quant à lui, a déclaré, lors de sa dernière rencontre avec la presse locale, en août dernier, que « toute opportunité de dialogue est toujours nécessaire pour la consolidation des acquis de la démocratie ».
Rija R.