Le ton utilisé par les chroniqueurs de la presse écrite et audiovisuelle occidentale a imperceptiblement changé depuis quelque jour. Il était déjà sarcastique à l’égard de Vladimir Poutine depuis le déclenchement de la guerre contre l’Ukraine, le 22 février dernier, maintenant il est presque apitoyé après les déboires de l’armée russe contrainte de céder du terrain après la contre offensive ukrainienne. La guerre se déroule sur le terrain, mais elle se joue aussi au niveau de la communication. La Russie commence à perdre pied dans cette bataille où son crédit a beaucoup diminué.
Un tournant dans la Guerre russo-ukrainienne ?
Depuis le début du conflit ukrainien, les outils de communication de chaque camp jouaient pleinement leur rôle. Les médias occidentaux rendaient compte de la situation sur le front, en essayant d’être le plus objectifs possible. Ils ne pouvaient que parler des avancées de l’armée russe et de son écrasante supériorité matérielle. Ils décrivaient la résistance opiniâtre des ukrainiens, bombardés quotidienne. La presse russe ne pouvait que saluer les succès de ses soldats. Les commentateurs des chaînes de télévision ne se privaient pas de glorifier leur armée, allant dénazifier l’Ukraine. C’’était, après tout, de bonne guerre. Mais ce qui s’apparentait à une opération spéciale très rapide s’est transformée en une véritable guerre qui a coûté très cher en hommes et en matériel. La résistance ukrainienne, même si elle a engendré des pertes humaines colossales dans ses rangs, a tenu bon et elle a su utiliser à bon escient les armes modernes livrées par ses alliés occidentaux. La guerre de l’information a cependant continué de plus belle. Les points de vue de chaque camp ont été livrés au monde entier, mais les auditeurs et téléspectateurs ont quand même pu faire la part de la propagande et des commentaires objectifs. La réalité a cependant fini par être connue. On sait aujourd’hui qu’une grande partie des effectifs de l’armée a été décimée et qu’il faut les reconstituer. Les médias occidentaux commencent à parler d’une certaine désorganisation de la machine de guerre et de ses effets au plus haut niveau de l’état. L’observateur neutre se contente d’emmagasiner les faits rapportés, mais si cela est avéré, un tournant a eu lieu dans cette guerre. L’avenir nous le dira.
Patrice RABE
