Un peu surannée comme affirmation, mais la littérature « malgache » possède sa relève en la malgacho–sino–française, Marie Ranjanoro. Son roman « Hafo, Tazo et Hazo » sortira l’année prochaine.

Grâce au « crowdfunding », Internet et les écrivain(e)s, les possibilités littéraires se sont vu décloisonnées comme ce roman « Hafo, Tazo et Hazo » de Marie Ranjanoro pour 2023 (Laterit éditions). Aujourd’hui grâce à la magie des nouvelles technologies de communication, un livre dans n’importe quel lieu connecté du globe peut voir le jour grâce à des dons d’argent venus des quatre coins du monde. Il suffit d’avoir un bon thème, une « belle » histoire, une plume bien embellie, l’auteure en est pourvue. Et la stratégie opère. Actuellement en appel à contribution sur la plateforme « Kiss Kiss Bank Bank », « Hafo Tazo et Hazo » est sur le point d’atteindre les 80 % de précommande. Une belle allure qui garantit la parution de cet ouvrage à la date prévue. Elle y retrace alors des personnages qui se télescopent dans un pays où les généraux sont « Hafo, Tazo et Hazo – le feu, la fièvre et la forêt ». Chimère à trois têtes, alliée et ennemie des uns et/ou des autres. Dans une période hyper trouble, 1947, ces personnages crapahutent dans une histoire multipolaire. Où la réappropriation féministe et l’intention décoloniale s’adossent.

« Il y a l’histoire d’Ivo et Voara, petites filles nées du fleuve et de la forêt et qui s’aiment plus qu’elles n’aiment la nuit, le jour ou la vie. Il y a l’histoire de Pierre Gallois d’Haurousse, jeune lieutenant d’une armée française en plein cauchemar, “pacificateur” d’une île incendiée par l’insurrection de 1947. Il y a l’histoire d’Amoulyakar Sow, tirailleur sénégalais, ballotté de guerre en guerre, débarqué à Madagascar un matin d’avril pour un voyage sans retour. Enfin, il y a l’histoire de Telonono, l’insurgée aux trois seins, qu’on ne raconte qu’en chuchotant et qui a longtemps attendu son heure dans l’obscurité croupie des boîtes d’archives scellées ». Marie Ranjanoro est une de ces rares personnes qui choisit chaque mot comme un écrin de sentiment bien pesé dans une phrase, dans un paragraphe et enfin dans l’histoire. Malgache, chinoise et française, elle est très active en France dans le milieu de la littérature francophone. Sachant rassembler en elle, parfois dans la douleur apparemment, ces multiples horizons. Elle a grandi à Madagascar avant de s’établir en France. Ses talents d’écrivaine ont déjà été constatés dans des parutions sur des revues de la diaspora asiatique et autres. Binôme de Hoby Ramamonjy sur le podcast « Basy vavy », c’est une grande première pour elle de sortir ce roman.
Maminirina Rado