Vendredi 28 octobre à l’Alliance Française d’Antsiranana, deux plumes aiguisées malgaches ont livré une conférence.
Devant les universitaires, ces littéraires traçaient leurs itinéraires. L’évènement est le fruit d’une étroite collaboration entre la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de l’Université d’Antsiranana et l’Alliance Française de Diego-Suarez. Johary Ravaloson et Hary Rabary se souviennent comme si c’était hier de leur long périple. En effet, les écrivains, malgré leurs efforts ainsi que leur noble travail, ne piétinent guère le tapis rouge. D’ailleurs, Johary Ravaloson, lors de sa prise de parole a exprimé en toute franchise son chemin accidenté. Il faut du courage pour nager à contre courant. Lui, il le fait de temps à autre, en cassant le schéma. Engagé, même s’ il ne le dit pas ouvertement, ce monsieur s’est consacré à comprendre les marginaux, ceux qui sont stigmatisés par la société bornée. Par ailleurs, l’auteur d’Amour patrie et soupe de crabes n’est pas du genre à tendre la joue aux détracteurs. C’est une figure d’avant qui a laissé derrière lui les préjugés. Large est sa vision, libre est sa pensée ! Peut-on compter sur les doigts d’une main un artiste pareil, à Madagascar ? Sans panégyrique, les faits sont palpables. Quant à Hary Rabary, la gynécologue de formation, elle jongle entre deux mondes. Littéraire de cœur, le destin a tracé la trajectoire de sa vie pour devenir une scientifique réputée dans la ville du pain de Sucre. Cependant, les lettres jaillissent dans son cœur. Ainsi, elle réussit à devenir la doctoresse des femmes opprimées. Il s’avère que la science et la littérature se mélangent dans un esprit ouvert. Poétesse, nouvelliste, romancière, madame Rabary griffonne une histoire en jouissant spontanément de ses pairs. Bien que ce soit considéré comme un métier ingrat, surtout dans les pays pauvres comme Madagascar, être écrivain est pourtant l’un des objectifs de bon nombre de jeunes. L’écriture fait vivre, mais jusqu’ici elle ne promet pas une vie meilleure ! Dans ce cas, le littéraire doit avoir un autre travail afin de pouvoir couvrir ses ouvrages. Ils sont loin d’être des plumes vénales. Ils n’écrivent pas pour vendre vite. Oui, être un écrivain ne se limite pas à écrire tout ce qui passe par la tête, c’est aussi savoir où placer les mots, chaque lettre de l’alphabet a un sens. En outre, l’inspiration et la passion leur permettent de faire couler leur encre. Elle bouillonne dans leurs têtes. Rien qu’en les voyant s’exprimer, l’assistance sent une «aura poétique» dégagée par ces deux érudits. Ils ont le langage raffiné. De leurs bouches sortent des vocables touchants… L’éloquence caressant les oreilles du public a donné un sourire de détermination aux jeunes.
Iss Heridiny
