Hichim est le nouveau roi du slam malgache, cette année, pour l’édition du Slam National. La finale a eu lieu samedi à l’IFM Analakely.
Il y a réellement une jeunesse consciente, la génération 2000, à Madagascar. Arrogante, intelligente et osant défricher des pistes jamais empruntées, la finale du Slam National a encore marqué les esprits, samedi dans l’après-midi, à l’IFM Analakely. Le champion de Madagascar est Hichim, tandis que le concours par équipe a été remporté par celle de Toamasina. Pour sa performance, ce premier a osé un set sur la religion, touchant à l’amour entre l’incompréhension et la passion.
« Pour moi, l’enfer c’est le paradis, du moment où tu y es », clame-t-il vers la fin. Le romantisme a apparemment gagné les slameurs malgaches. « Tu me plais bien mais je ne sais pas, je suis musulman et tu es témoin de Jéhovah… Tu sais, je suis ce musulman qui ne mange pas de porc mais qui veut faire des trucs cochons avec toi ». La salle exulte et le bonhomme reçoit la meilleure note. Les autres candidats et candidates ont été loin de démériter.
Lors de cette édition, la finale a eu droit à une prestation en duo entre les candidats et candidates. Mais aussi une autre en solo. « Fa ilay mariage ve ahazoana vady sa sôlafa ? », en traduction libre, « Est-ce que le mariage est fait pour avoir une femme ou une servante ? », lance Telintsoa, l’unique femme du groupe. « Fa ny saina, hoy aho, mba mila atao lehibe kokoa noho ny ao anaty kilaotiny e » ou « Il faudrait que le cerveau soit plus volumineux que ce qu’il y a dans la culotte ».
Et pour l’équipe de Tamatave. « La pauvreté qui danse, la corruption qui danse, où est la justice ? Elle n’est pas là. Ah ah ah ah ih ih ih ih… on vit dans un beau pays ». La rage d’une jeunesse trop tôt désabusée. « Jiro jiro jiro ô tapaka efa ela ela… mbola variana miwerawera, Madagasikara mandroso mbola ho ela ela… ». Le duo tamatavien conclut par « Le peuple de mon pays, ce sont des enfants, donc, la pauvreté qui danse, la corruption qui danse… on vit dans un beau pays ».
Tout l’IFM s’époumone, la route de Tamatave est déjà toute tracée pour cette finale. Dans le genre enragé et incisif, l’équipe de Tuléar a mis le doigt sur le système médical. S’étirant sur la médecine traditionnelle faute d’un docteur trop tourné, « vers le business et la politique ». L’Anonyme, Santa, Mims, Vtsk et Disquette ont évoqué un Madagascar de l’individu et du collectif. Sans chichis, classe, réaliste et dans le sens d’un vent souvent nauséabond dominant le pays.
Maminirina Rado