L’année 2023 approche à grands pas. Il ne reste plus que quelques jours et le pays entrera dans une année électorale. Pourtant, des interrogations se posent sur les ressources financières pour entreprendre convenablement cette opération.
A moins d’une année de la prochaine échéance électorale, le gouvernement malgache semble ne pas trop être engagé dans ce sens. Hormis le budget affecté à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) dans la Loi de Finances initiale, aucune action particulière n’a été amorcée. « La communauté internationale, dont la France, s’étonne que Madagascar n’ait fait aucune requête auprès des bailleurs pour l’aide à l’organisation des élections sachant que Madagascar n’a jamais financé les élections tout seul », a révélé le député de Toamasina I, Roland Ratsiraka, en marge d’une rencontre entre lui et l’ambassadeur, SEM Arnaud Guillois.
Combler l’écart
Des révélations qui ont suscité beaucoup d’inquiétudes. A moins que l’Etat ne dispose déjà de moyens financiers nécessaires pour l’opération. Notons que l’organisation d’une élection requiert des sommes conséquentes, surtout pour le matériel de vote, d’autant plus que la Grande Ile a choisi d’utiliser le bulletin unique. La seule somme que l’opinion publique a à sa disposition reste les quelque 69 milliards alloué à la CENI dans la LFI que les parlementaires viennent d’adopter et dont 57 milliards sont destinés pour financer le processus électoral. S’agit-il ainsi d’un choix délibéré de l’Etat ou des informations seront-elles prochainement données pour tirer les choses au clair dans cette ambiance politique déjà tendue ? Faut-il rappeler que pour l’année 2018, le financement de la présidentielle était de 25 millions d’euros. L’Etat malgache n’a contribué qu’à près de 50 milliards d’ariary. Il a fallu ainsi un soutien international de 12 millions d’euros pour combler l’écart.
Transition
Du côté de l’opposition, on crie déjà à la fomentation d’une nouvelle transition dont le président Rajoelina restera le leader. Les élus TIM sont les premiers à évoquer cette possibilité. Ils ont annoncé qu’ils ne comptent pas participer, de près ou de loin, à cette transition. Ainsi, devant ce timide engagement de l’Etat dans la recherche de financement pour l’organisation des élections à venir, d’autres acteurs politiques craignent qu’il s’agisse tout simplement d’un calcul bien orchestré afin que la présidentielle soit repoussée.
Crise politique
Outre les différentes anomalies déjà indiquées par les partis en dehors du régime, en l’occurrence le Tiako i Madagasikara de l’ancien président Marc Ravalomanana et le parti Malagasy Miara-Miainga de Hajo Andrianainarivelo, dans la conduite de l’actuelle refonte de la liste électorale, l’indépendance de la CENI est souvent remise en cause. Roland Ratsiraka déplore le manque d’indépendance et d’expérience de la CENI et voit cela comme une source de future crise politique. La balle se trouve ainsi dans le camp du régime. De plus, l’opposition dénonce la nécessité d’un cadre électoral avec des listes qui garantiraient une élection libre, transparente et dont les résultats seraient acceptés par tous.
Julien R.