Pour les Malgaches, les grandes questions politiques actuelles semblent être hors de propos au vu des problèmes plus terre à terre qu’ils rencontrent dans leur vie quotidienne. Les discussions, qui sont lancées par les dirigeants de la majorité ou de l’opposition et qui traitent de sujets fondamentaux; ne semblent pas les toucher outre mesure. Et pourtant, ils sont conscients des enjeux qu’elles mettent en lumière. Mais ils préfèrent souvent ne pas y participer car pour eux, l’essentiel est de survivre.
Une opinion peu décidée à s’engager
Les dossiers importants qui sont à la Une de l’actualité éveillent l’attention des citoyens. L’insécurité, la corruption ou les abus et les malversations sont des sujets qui les touchent, et qui provoquent leur indignation, mais ils préfèrent ne pas s’engager directement et hésitent à dénoncer ouvertement l’inertie des autorités. Ce sont les organisations de la société civile ou les membres de l’opposition qui prennent le relais. Ces derniers disent tout haut ce que la majorité le fait tout bas. Leurs propos sont souvent pertinents, mais ils ont en face d’eux une puissance publique omnipotente. L’opinion abonde souvent dans leur sens, mais elle n’a pas la force suffisante pour faire pencher la balance. Les interpellations faites , même si elles n’ébranlent pas le système, permettent de conscientiser l’opinion. Quand elles permettent de poser des questions importantes, elles changent petit à petit les points de vue. Les Malgaches, cependant, répugnent à manifester clairement ce qui les dérange. Il n’est plus question aujourd’hui de descendre dans la rue avec des banderoles. C’est sur les réseaux sociaux que l’on exprime son indignation. Cela n’influe que très peu sur les décisions des autorités. Il n’y a pas de véritable mouvement d’opinion pour influer sur le cours des événements.
Patrice RABE