La photo de l’archevêque fraîchement intronisé et le prêtre anthropologue en sobahia a fait le tour des réseaux sociaux, la semaine dernière. Du jamais vu pour les uns, cette image n’a pas choqué les autres. Des religieux et érudits ont donné leur point de vue. En effet, les Églises ont également fait le buzz ces derniers temps !
L’intronisation de Monseigneur Donatien Francis Randriamalala s’est déroulée dans le calme samedi 15 janvier dernier à Ambanja. Les autorités locales, civiles et militaires, et les représentants de l’Église catholique sont venus honorer l’évènement. Durant la cérémonie, une pratique a causé polémique. Avant de siéger sur la cathèdre, l’anthropologue-prêtre, le professeur Robert Jaovelo Dzao a invoqué le jôro sakalava. Face à cette pratique, les opinions divergent. Les simples croyants n’ont pas compris ce qui se passait. « C’est étrange pour moi, n’est-ce pas interdit ? C’est quel genre de cérémonie ?» se demande Mélanie Raharisendra, une croyante. Certains pratiquants sont du même avis que Christian Ravo, « Nous sommes Malgaches. Je ne vois aucun problème. Ce n’est pas la première fois que nous faisons ça. L’Église catholique est ouverte. C’est ainsi que je vois les choses ».
Père Sidy explique que ce jôro n’était pas inclus dans la liturgie (ordre des prières et des cérémonies de la messe), « C’était à part. En fait, ce n’est pas du syncrétisme, ça s’appelle de l’inculturation. L’Église catholique accepte l’inculturation depuis le concile Vatican 2 », a-t-il certifié. Alors, entre 1962 et 1965, l’assemblée légitimement convoquée de plusieurs évêques et docteurs de l’Église catholique romaine, pour délibérer et décider sur des questions de doctrine et de discipline était marquante dans l’histoire de l’ECAR.
En outre, elle s’ouvre au monde moderne, à la culture. Bref, elle est inclusive. D’après le doctorant en Histoire de l’Université d’Antananarivo, Alex Randriamahefa, l’Église catholique s’adapte à la culture locale dans le but de faciliter l’adhésion des autochtones. « Ce qui s’est passé à Ambanja illustre réellement l’imprégnation et l’intégration du catholicisme dans la culture locale. Ambanja est fortement culturel si je puis dire ainsi, la population s’attache à leur identité. C’est la capacité d’adaptation de l’Église catholique. En quelque sorte, c’est aussi une revendication identitaire suite à ce qui s’est passé récemment dans les doany à Antananarivo. Ça permet de gagner des points. Eux, ils ont fait le contraire, ils n’ont pas considéré le jôro comme un rite païen, mais une pratique culturelle ». Effectivement, Madagascar est toujours en quête identitaire. Sa population ne sait pas où mettre les pieds, dans un terrain plein d’épines et de difficultés.
Iss Heridiny