Le rapport 2022 sur la traite des personnes à Madagascar publié par le département d’État des États-Unis dépeint un tableau noir de la situation relative au trafic de personnes.
Les récentes polémiques sur l’éventuelle vente ou non d’enfants à Ikongo font poser des questions sur la situation de traite d’êtres humains à Madagascar. Le rapport 2022 publié par le département d’État des États-Unis donne de nombreux détails sur la situation de ce fléau dans la Grande Île. Et le moins que l’on puisse en tirer est que la lutte contre la traite des personnes ne semble pas vraiment être une priorité pour le pays. Selon le document, le gouvernement ne se « conforme pas entièrement aux normes minimales pour l’élimination de la traite des êtres humains, mais il fournit des efforts importants pour y parvenir ». Par ailleurs, le département d’État des États-Unis note que « le gouvernement n’a pas déclaré avoir poursuivi ou condamné des auteurs de traite ». Ce, malgré les « rapports continus de complicité présumée ». À en croire ce document, le gouvernement malgache n’a demandé de comptes à aucun fonctionnaire complice, tout comme le gouvernement n’a pas enquêté sur les rapports de fonctionnaires facilitant la traite des enfants à des fins sexuelles. « Dans l’ensemble, les efforts déployés pour enquêter et poursuivre les crimes de traite interne, notamment la servitude domestique, la mendicité forcée et la traite d’enfants à des fins sexuelles, sont restés insuffisants par rapport à l’ampleur du problème, et les responsables ont continué à confondre fréquemment traite de personnes et trafic de migrants », conclut le rapport.
Données
Question statistique, la lecture du document révèle que « le gouvernement a déclaré avoir enquêté sur 30 cas de traite – 24 pour traite sexuelle d’adultes et six pour exploitation non spécifiée – au cours de la période considérée, contre 24 enquêtes au cours de la période précédente ». 72 victimes de traite auraient également été identifiées par le gouvernement contre 175 au cours de la période de rapport précédente. « Sur les 72 victimes identifiées, les auteurs de traite en ont exploité neuf dans le cadre du travail forcé, 18 dans le cadre de la traite sexuelle et 45 dans le cadre d’une exploitation non spécifiée ; 61 étaient des femmes et 11 des hommes ; 48 étaient des adultes, 20 des enfants et l’âge de quatre victimes était inconnu ; et les 72 victimes étaient tous Malagasy », peut-on lire dans le document. Ce dernier de faire également savoir que « le gouvernement a déclaré avoir enquêté sur 59 personnes pour des délits potentiels de traite ; cependant, le gouvernement n’a pas fourni de détails sur ces cas pour déterminer si les délits impliquaient une exploitation par le travail forcé ou la traite sexuelle ». Parmi les victimes, 37 auraient bénéficié de services comme des soins médicaux et de l’aide à l’éducation de la part du gouvernement.
Recueillis par José Belalahy