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Littérature : « Que les Malgaches se réapproprient notre littérature qui existait déjà avant l’entrée des étrangers… »

La docteure Ny Hasina Ratsimbazafy, enseignant–chercheur à l’université d’Antananarivo

Samedi dans la matinée, la docteure Ny Hasina Ratsimbazafy, est intervenue lors du café histoire du musée de la Photo Anjohy sur l’histoire de la littérature nationale, de ses débuts à la période « Mitady ny very ». A l’issue de cette intervention, l’enseignant–chercheur a accordé de son temps et ses analyses sur cette période « oubliée », mais aussi les oubliés de cette période oubliée. Une histoire qui ne tiendrait pas dans un livre. 

  • Qu’est-ce que le mouvement « Mitady ny very » ?

Notons que le « Mitady ny very » traduit par les chercheurs par « à la recherche des valeurs perdues » est un mouvement littéraire à l’initiative de Jean Joseph Rabearivelo, Charles Rajoelisolo et Ny Avana Ramanantoanina ayant pour objectif de rénover la littérature de l’époque en s’affranchissant de toutes les contraintes des rimes et de la versification introduite par les occidentaux. Ceci dit, la conjoncture socio-politique depuis la colonisation a détruit l’authenticité littéraire des Malgaches. 

Mon intervention s’est étalée sur l’histoire de la littérature (malgache) depuis ses débuts jusqu’à la période « Mitady ny very ». Il y a déjà une histoire courante à propos de cela. Mais en tant que chercheure, je constate que d’autres choses n’ont pas encore été mentionnées dans les recherches. Comme les écrivains qui ont contribué à de grandes réalisations, mais n’ont pas été mentionnés ou n’ont pas été introduits dans l’histoire de la littérature. 

Malgré cette chronologie officielle, bien avant les années 1930, des auteurs comme Rajaonary et Justin Rainizanabololona ont essayé de trouver une forme de littérature qui s’émancipe des règles imposées par le modèle européen. Ils composent des vers reflétant leur amour pour leur pays. 

  • Quelles en sont les raisons, ont–elles été d’ordre politique, est–ce de pures et simples omissions ?    

Selon moi, ce ne sont pas les raisons. Souvent, les chercheurs, surtout ceux dans le domaine de la littérature, visualisent dans l’ensemble. Dès lors, sur une période donnée, quatre-vingt-dix pour cent des écrivains écrivaient sur une même chose. Les chercheurs choisissent un nom pour cette période. Pourtant, il y a quelques-uns de ces écrivains délaissés, qui ont fait un apport immense. 

Prenons l’exemple du pasteur Rajaonary, durant la période chrétienne. Il mettait en avant le rythme « Zafindrahony ». Avec lui, il y avait Justin Razanabololona, ou Jupiter. Celui-ci a vécu deux périodes. Durant la période « fakan–tahaka », il était encore là, il a fondé un journal qui a incité les écrivains de ce temps à s’unir jusqu’à arriver à des mouvements patriotiques comme Vy Vato Sakelika (VVS). 

  • Cela signifie-t-il donc que la littérature a été parmi les ferments de la lutte anti–coloniale ? 

Elle en fait partie. Comme durant l’affaire VVS, la majorité des membres étaient presque des écrivains. Ils ont été inculpés, ensuite, ils ont été emprisonnés ou exilés. Ils ont fait de la littérature un outil pour dénoncer les injustices du pouvoir colonial.   

  • Pays colonisés, pertes des valeurs, défaite face aux colonisateurs… pourrait–on dire que le mouvement « Mitady ny very » est né d’une sorte d’amertume ?  

Il est difficile d’affirmer si c’est par amertume ou non. Parce qu’il est nécessaire d’avoir beaucoup de preuves pour pouvoir avancer un mot aussi affirmatif. Par ailleurs, il est le fruit de la réflexion commune entre Charles Rajoelisolo, Ny Avana Ramanantoanina et Rabearivelo, qui ont constaté que les écrivains malgaches versaient, dans l’ensemble, vers la littérature étrangère. Mais comme je l’ai déjà dit, il y a toujours ceux qui se démarquent de cela. Ces trois écrivains ont alors souhaité que les malgaches se réapproprient notre littérature qui existait déjà avant l’entrée des étrangers. 

  • Sous la plume des écrivains, comment se présentait le « Mitady ny very » ? 

L’approche des poésies adoptée durant le « Mitady ny very » pour rendre les valeurs perdues est la poésie sous forme de conte. Par exemple, avant de lancer les vers, il s’annonçait avec « Angano angano, arira arira ».  

Espérons que nos poètes actuels continueront cette voie déjà tracée par leurs prédécesseurs en mettant en exergue la spécificité culturelle et identitaire des Malgaches à travers leurs créations et leur langage poétique.

Recueillis par Maminirina Rado 

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1 COMMENTAIRE

  1. Une initiative que je salue particulièrement en tant que citoyen lambda.
     » Mitady ny Very  » est à mon avis un parcours, un cheminement et non un sursaut d’orgueil simplement.
    Hitanao ny lalana ! Asio jiro aza.

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