Recouvrir Madagascar de forêts, retour aux traditions, se souvenir des aïeux à travers leur héritage, les malgaches ont tout essayé durant 62 ans. Néanmoins, la fierté nationale n’est toujours pas au rendez-vous. Il a fallu attendre les exploits des Bareas pour que les habitants du pays se reconnaissent. Mais, cela semble éphémère. Mercredi 22 février, à l’occasion de la journée internationale de la langue maternelle, l’Association de l’Union des Poètes et Écrivain Malagasy de la capitale a organisé un évènement. Les citoyens lambda ne se sentent pas concernés car la dureté de la vie les force à se plier en deux, donc pas le temps pour écouter les belles rimes qui ne rassasient pas le ventre. Le taom-baovao iraisan’ny malagasy, ou le nouvel an de tous les Malgaches, puisqu’il y a plus de trois nouvel an dans une année, n’est pas célébré par le bas peuple qui, d’ailleurs, n’est même pas au courant. L’évènement a été organisé à Antsiranana en septembre 2022. Des roitelets, tangalamena, ampanjaka, et une poignée de chercheurs issue de la branche des Sciences Humaines de l’Université d’Antsiranana ont honoré le jôro ainsi que la conférence débat livrée au Paul VI Scama. Des doany, zomba, palais des rois de certaines régions ne sont pas réhabilités. Notre patrimoine en ruines, des valeurs ancestrales négligées, les forêts sacrées souillées ou pire réduites en cendre, alors qu’ils marquent l’identité de la Grande-Ile.
Le chemin est encore long. Les extrémistes surgissent de nulle part surtout en cette dernière ligne droite de mandat présidentiel. 2023 est une période où des querelles se déclenchent d’une façon ou d’une autre. Dans les rues, des pseudo-nationalistes «tia tanindrazana» font les bavards. Rejeter la faute sur l’Etat parce qu’il fait entrer les produits venant de l’extérieur est déjà un discours entendu, ré-entendu maintes fois. Accuser la mondialisation d’être le responsable de la déculturation s’avère absurde. Pendant qu’ils usent vainement de leur salive, le retard les rattrape. Certains se demandent, de quelle culture l’on parle ? Le nationalisme ne veut pas dire revêtir le vêtement Salaka ni manger uniquement du riz avec du rômazava. Le nationalisme se traduit par les petites choses que chaque personne fait dans son quotidien. A la télé comme à la radio, les débats se focalisent souvent sur ce terme. Mais en réalité, le vrai sens semble flou. En outre, comme dans tous les pays existant sur cette planète bleu, les différends entre les conservateurs et les modérés s’accentuent. Le racisme et l’ethnicisme sont remis en surface. La couleur de peau, la texture de la chevelure, le parler, tous sont évoqués, une morale rétrograde ! « A chaque fois que les choses commencent à avancer, ces propos prennent de la hauteur. Nous sommes à quelques pas de l’élection présidentielle, vous voyez sur les réseaux sociaux ce genre de discours honteux. Nous sommes plus au XVIIIème siècle. Il est temps de laisser tout cela et d’avancer, nous sommes en retard », a expliqué Solofo Reholy un sociologue. Comme d’habitude, les observateurs parlent de politique et d’économie, le culturel est souvent la chute de la conversation. Jusqu’ici le crâne de l´ampanjaka Toera n’est pas encore rapatrié. Longue est la négociation !
Iss Heridiny