Avec une hausse du niveau de vie, la ville attire aussi des migrants venant des autres régions de Madagascar et des pays comme les Comores, Yémen, et Djibouti.
La ville est bondée, les campagnes se vident. La migration est aussi un facteur très important dans l’augmentation de la population dans la ville de Diego-Suarez. Cet accroissement s’est manifesté par un doublement de la population en une décennie. Ces migrants fournissent une main-d’œuvre considérable. Ils occupent le territoire d’Ambilobe avec la SOSUMAV pour planter la canne à sucre, en passant par Anivorano, un carrefour de commerce surtout de denrées, jusqu’à Diego-Suarez avec ses usines comme la SCAMA, l’Arsenal, et le port de commerce. La région accueille plus de 50 000 habitants en 1955. Depuis le début des années 1950, la ville dispose annuellement de plus de 35 millions de francs. La politique économique de la France semble fructueuse. Toutefois, les travaux accomplis par l’administration ne sont pas assez nombreux même si le programme touche aussi bien la campagne que la ville. Ils s’étendent dans la partie Sud-est de la ville, comme Mangaoka, Anketrakabe, et Mahavanona au Nord. La productivité dans la partie septentrionale est cependant destinée à l’exportation de la région de l’Océan Indien collectée par les ex-colons réunionnais. Les infrastructures sont construites, le 1⁄4 de la ville a accès à l’électricité. Beaucoup d’autres projets sont réalisés dans la ville, et Diego-Suarez connaît un réel essor économique. Le début des années cinquante est également une période de réveil du mouvement nationaliste à Madagascar en général et à Diego Suarez en particulier. Il est vrai que les leaders politiques sont toujours enfermés dans les barbelés de Nosy lava, mais le syndicalisme participe entièrement dans des luttes qui au début étaient sous forme sociale, c’est-à-dire, des revendications pour une augmentation de salaire, et pour avoir une vie meilleure, voire similaire à celle des Européens. Les ouvriers autochtones se sentent exploités par leurs employeurs. Le 11 novembre 1956, après une longue négociation effectuée par les notables de la partie septentrionale de la Grande-ile, la jeune et plus petite province fut créée. Bien entendu, c’est un grand tournant pour la région. La ville de Diego-Suarez, qui était un centre de gravité idéologique depuis les années 1920, l’époque où Jean Ralaimongo y séjournait, incarne la province toute entière sur le terrain politique. Elle est devenue en quelque sorte une petite capitale. La création de la jeune province a charpenté une identité forte puisque l’autonomie tant attendue est désormais entre les mains des élites politiques locales. Celles-ci, formées par les colonisateurs, pressentent qu’elles remplaceront ces derniers. Etant donné que Diego-Suarez est le chef-lieu de province, une étude approfondie de la ville, tout en mettant en avant les acteurs politiques, s’avère intéressante. Tantôt fief des loyalistes, tantôt fief des nationalistes, la ville du Pain de sucre connaît une ambiance politique mouvementée. En outre, la situation géographique d’Antsiranana incite la population à avoir un comportement politique assez différent, une vision aléatoire suivant la ligne de la frise chronologique . En 1991, la province est exsangue, incapable de se redresser. Il a fallu attendre six ans pour qu’elle redémarre son économie, et chute à nouveau lors de la crise post-électorale de 2002. Ainsi, la vie politique de Diego-Suarez vacille entre ombre et lumière.
Iss Heridiny