La situation a fait couler beaucoup d’encre chez les journalistes locaux et fait crier les activistes. Jusqu’ici, le message ne semble pas clair pour les surintendants de la région. Faut-il une manifestation pour se faire entendre ?
Un peuple qui a soif ne fait que chuchoter dans son coin. Faibles, épuisés par la crise post-Covid, les citoyens se taisent, attendent un jour meilleur. L’eau, c’est la vie, pourtant, elle ne coule presque plus dans les cuvettes. Une situation agaçante pour les habitants de Diego-Suarez. Avant c’était juste les quartiers périphériques, désormais, c’est toute la ville qui subit.
La ville de la propreté est privée d’eau depuis plus de deux ans. Donc, une odeur assez désagréable se fait sentir dans les ruelles. Les intendants, jusqu’ici, ne trouvent pas de solutions durables. « Ils ont leur propre château d’eau, les ministres et les hauts fonctionnaires de l’Etat, quand ils débarquent ici, ils habitent dans des endroits somptueux. C’est normal qu’ils ne s’inquiètent pas. C’est toujours les pauvres qui souffrent », crie une mère de famille avec un bidon vide. La semaine dernière la coupure a duré 92 heures. « Nous ne pouvons plus laver notre linge, les enfants sont sales, et quand on est sale, bienvenue les maladies », ajoute un chauffeur de tuk-tuk. En outre, les factures restent inchangées ou pire, le tarif grimpe.
Les autorités ont fait savoir que les infrastructures de Besokatra datent de la colonisation. En 2021, dans le but de taire les voix chuchotantes, la députée de Madagascar, Vice-présidente de l’Assemblée nationale de la province d’Antsiranana, se prend pour une technicienne et effectue une visite sur les lieux, en disant « dans quelques mois, l’eau coulera dans les foyers ». Mais ce qui est étonnant, c’est qu’aucune réhabilitation n’est réalisée.
Ces deux dernières décennies, Antsiranana a connu une démographie galopante, des migrants gonflent la localité, alors que les tuyaux n’arrivent pas à ravitailler la majorité de la population. Celle-ci se sent délaissée. Au lieu de la secourir, les raiamandreny se chamaillent entre eux, en brandissant de la viande de zébu d’une manière ostentatoire pour dire qu’ils dominent la ville. Antsiranana, une grande arène de politiciens monta sega.
La région Diana est arrosée par différents fleuves et ruisseaux. Il ne faut pas être diplômé de géographie pour le savoir, surtout quand on fait une descente sur terrain en zone rurale. Le paysage admirable demeure uniquement un fond d’image pour les selfies.
Iss Heridiny