Election Présidentielle : début des grandes manoeuvres
Si toutes les parties prenantes ont comme objectif général la victoire pour la magistrature suprême, elles doivent auparavant passer par des objectifs spécifiques qui varient selon leur place dans l’échiquier politique à un moment donné.
Pour le parti au pouvoir
Bénéficiaire automatique d’une prime au sortant, il doit cependant surveiller de près ses concurrents. Puisqu’il y aura de manière évidente un second tour, il lui faudra un challenger quitte à en créer un, mais qui sera plus facile à vaincre dans la dernière ligne droite. Au début, celui qui veut ravaler la façade du pays, c’est-à-dire le leader du TIM, était l’homme qu’il fallait. Ce dernier ne demande pas tant puisque tout opposant veut se placer en challenger numéro un. En clair, pour les partisans de Rajoelina, Ravalo est le challenger idéal puisqu’il permet une forte mobilisation de ses électeurs en cas de deuxième tour.
Cependant, la réalité est toute autre, il s’avère que des candidats « sérieux » ont émergé dont un qui peut le dépasser sur sa droite, puisqu’il vient de son propre camp, nous voulons parler de Siteny. Alors, que doivent faire les partisans de Rajoelina ? D’abord, l’étouffer le plus vite possible, en insistant que ce n’est qu’un dissident sous-entendu un « traître »; puis, comme il est dit auparavant, booster parmi les adversaires, un qui puisse devancer Siteny. Ce n’est pas un acte généreux de leur part d’avoir accordé au leader du TIM un temps d’antenne conséquent sur un plateau d’audience nationale.
Et pour les autres ?
Comme il a été dit pour se faire valoir et être vu, pour chacun d’eux, il faut se tailler une image dans l’opinion, une place au moins égale à celle du sortant sauf que les écarts de moyens mis en œuvre les renvoient à la dure réalité du vote déjà vécu dans le pays.
On peut les scinder en deux.
En premier, ceux qui n’auront pas plus de 2%, ceux constitués d’idéalistes ayant foi qu’en leur destin et prêts à mettre en jeu leur patrimoine parce qu’ aucun mécène averti ne misera un kopeck sur eux. Ces candidats ne se contenteront que de leurs partisans tout heureux de bénéficier de cet investissement à fonds perdus. A ceux-là, on peut les avertir déjà, qu’il existe des professionnels qui se disent être à la tête de partis avec des membres et des associations de soutien dans toute l’île, qui sont prêts à faire voter des candidats « solitaires » moyennant des fonds, évidemment, en contrepartie de leur appui.
En deux, ceux qui de par la notoriété des têtes de liste franchiront le cap des 5% des voix exprimées, ce qui n’est pas négligeable, et qui n’hésitent pas dans les pourparlers de report de voix à revendiquer tel ou tel poste ministériel. Et enfin parmi ce second groupe, il y aura tout au plus 2 ou 3 qui frôleront la barre des 10%, qui, conscients de leurs poids savent qu’ils peuvent être maîtres des résultats du scrutin et ils demanderont pour le transfert de vote de leurs électeurs de gros postes ministériels ou diplomatiques ou pour les moins scrupuleux un transfert d’énormes fonds tout simplement.
Tous les candidats sont au courant de ces informations non dévoilées de l’élection. Mais l’électeur n’en est pas conscient parce qu’on l’abreuve d’idées ou de “promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent” comme on dit. Et tout ce machiavélisme se fait sur son dos.
M.Ranarivao