La dégradation du pouvoir d’achat réduit considérablement la qualité de vie de la population. Les décideurs politiques doivent prendre les mesures adéquates pour stimuler la croissance économique et freiner l’inflation, selon la Banque mondiale.
Une croissance tirée vers le bas par l’incertitude, l’inflation et la décélération des investissements. C’est la situation actuelle dans la région Subsaharienne, d’après le rapport publié mercredi dernier par la Banque mondiale. Face à l’assombrissement des perspectives de croissance et à l’augmentation des niveaux d’endettement, cette institution financière incite les gouvernements africains à se concentrer davantage sur la stabilité macroéconomique, la mobilisation des recettes intérieures, la réduction de la dette et les investissements productifs afin de réduire l’extrême pauvreté et de stimuler la prospérité partagée à moyen et à long terme. D’après les prévisions dans la dernière édition de l’Africa’s Pulse – la mise à jour économique d’avril 2023 de la Banque mondiale pour l’Afrique subsaharienne – la croissance économique en Afrique subsaharienne est susceptible de ralentir, passant de 3,6% en 2022 à 3,1% en 2023. « La faiblesse de la croissance, combinée aux vulnérabilités de la dette et à une croissance morose des investissements, risque de faire perdre une décennie à la réduction de la pauvreté. Les décideurs politiques doivent redoubler d’efforts pour freiner l’inflation, stimuler la mobilisation des ressources intérieures et adopter des réformes favorables à la croissance, tout en continuant à aider les ménages les plus pauvres à faire face à l’augmentation du coût de la vie », a déclaré Andrew Dabalen, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique.
Inflation élevée cette année
Pour certains pays de la région, les risques de surendettement restent élevés. 22 pays de la région présentent un haut risque de surendettement extérieur ou étant en situation de surendettement en décembre 2022. Les conditions financières mondiales défavorables ont augmenté les coûts d’emprunt et les coûts du service de la dette en Afrique, détournant l’argent des investissements de développement indispensables, et menaçant la stabilité macro-budgétaire. Une inflation obstinément élevée et une faible croissance des investissements continuent de peser sur les économies africaines. Bien que l’inflation semble avoir atteint son maximum l’année dernière, elle devrait rester élevée, à 7,5% en 2023, et dépasser les fourchettes cibles des banques centrales dans la plupart des pays. La croissance des investissements en Afrique subsaharienne est passée de 6,8% en 2010-2013 à 1,6% en 2021, avec un ralentissement plus marqué en Afrique de l’Est et australe qu’en Afrique de l’Ouest et du centre.
Valoriser les ressources naturelles
Certains pays font preuve de résilience face aux multiples crises, selon le rapport de la Banque mondiale, qui a cité particulièrement le Kenya, la Côte d’Ivoire et la République démocratique du Congo, qui ont enregistré de bons taux de croissance. D’après les explications, cette performance est tirée principalement par la valorisation des ressources naturelles, permettant d’améliorer la viabilité des finances publiques et de la dette. « La décarbonisation rapide du monde apportera des opportunités économiques significatives à l’Afrique. Les métaux et les minéraux seront nécessaires en plus grandes quantités pour les technologies à faible teneur en carbone telles que les batteries. Si de bonnes politiques sont mises en place, ces ressources pourraient augmenter les recettes fiscales, accroître les opportunités pour les chaînes de valeur régionales qui créent de l’emploi, et accélérer la transformation économique », a noté James Cust, économiste principal à la Banque mondiale. Pour Madagascar, le secteur énergétique est celui qui affiche la meilleure performance, dans son processus de développement basé principalement sur les énergies renouvelables.
Recueillis par Antsa R.