A moins de huit mois de l’élection présidentielle, la température politique est bel et bien montée d’un cran et on a bien l’impression qu’elle ne redescendra pas de sitôt. L’actualité s’est emballée après les manifestations des opérateurs de la filière vanille et les tentatives, faites pour apaiser une situation explosive, n’ont pas ramené le calme. Les propositions faites par le ministre du Commerce pour débloquer l’impasse où se trouve la filière vanille n’ont pas convaincu ses interlocuteurs. La décision de libéraliser le secteur n’a pas tout de suite été effective et une véritable fronde s’est installée. C’est dans ce contexte que le presque candidat, Siteny Randrianasoloniaiko, entame sa tournée dans la Sava. Lors de ce « Mihava Tour », il n’a pas mâché ses mots pour fustiger le pouvoir en place. Il lui a reproché de ne pas avoir mis en place cette décentralisation effective qui est prévue par la Constitution et qui est nécessaire pour permettre le développement des régions. Lui et ses compagnons ont trouvé leur cheval de bataille pour la prochaine campagne présidentielle et ils ont senti que leurs arguments touchaient leur auditoire. Le régime a parfaitement senti le danger, mais, pour le moment, il a décidé de parer au plus pressé en organisant la descente présidentielle dans la SAVA. Le chef de l’État a voulu désamorcer la crise qui est en train de surgir. Il a présenté ses mesures devant les opérateurs de la filière vanille. Il n’est plus question de fixer un prix plancher de la vanille. Il a annoncé la fin des contre-visites et la facilitation de la procédure d’octroi d’agrément. Ces mesures, si elles sont effectives, sont susceptibles de mettre fin à la crise de confiance qui règne dans le secteur. Mais la rivalité entre l’équipe présidentielle et celle du député Siteny Randrianasoloniaiko est en train de prendre de plus en plus d’ampleur. Celui qui a l’ambition de briguer la magistrature suprême est décidé à parler de tous les problèmes qui se posent actuellement et joue habilement sur la frustration de ceux qui se sentent lésés par le pouvoir. La précampagne a maintenant atteint son rythme de croisière et elle réserve de multiples rebondissements dans les mois à venir.
La situation sur le plan international est elle aussi de plus en plus tendue. Alors que la confrontation russo-ukrainienne semble s’enliser, les différents fronts étant figés. C’est dans la zone indopacifique qu’ont surgi les nouveaux points de tension. La Chine manifeste son mécontentement envers les Etats-Unis qui entendent sauvegarder l’indépendance de Taïwan. Pour protester contre l’accueil réservé par les Américains à la présidente de l’île, les autorités chinoises ont organisé un semblant de blocus en envoyant plusieurs navires et avions dans les parages. Cette manifestation de mauvaise humeur n’a cependant pas entamé la sérénité du Pentagone qui y voit un avertissement adressé aux Taïwanais. La rivalité entre les deux grandes puissances est réelle, mais elle ne semble pas pour le moment se transformer en conflit armé.
A huit mois de l’élection présidentielle malgache, la fièvre électorale commence à déteindre sur le climat politique. Le pouvoir est confronté à une montée de la contestation et doit répondre de manière concrète aux questions qui lui sont posées. Le presque candidat, Siteny Randrianasoloniaiko, est en train de mettre la pression sur le régime, en évoquant toutes les failles du système. On est maintenant entré dans une période de précampagne qui va être de plus en plus agitée.
Patrice RABE