Les dangers d’une transition sans fondement démocratique sont réels, selon le Pr Mamisoa Freddy Andriamalala, président du Groupement national des experts et des professeurs des universités pour le développement (GNEPUD), économiste et politologue spécialisé en Politiques publiques et Économie du développement. Interview.
Midi Madagascar (MM). Selon vous, quel est le moyen adéquat pour rendre compte de l’efficacité de l’action du gouvernement ?
Mamy Andriamalala Freddy (MAF). L’évaluation des politiques publiques est un des moyens mis à disposition du tenant du pouvoir pour rendre compte à la population de l’efficacité d’une politique publique. Le compte rendu politique (accountability). C’est un moyen permettant au président de la République d’informer les citoyens sur l’efficacité, voire l’impact de sa politique de développement. En d’autres termes, ce compte rendu est une pratique démocratique pour porter à la connaissance de la population le degré d’efficacité de l’action gouvernementale pour répondre aux demandes politiques exprimées par les électeurs durant la campagne électorale.
MM. Selon vous, est-ce que les résultats jugés « satisfaisants » véhiculés par le régime en place se traduiraient par une réélection du président Rajoelina ?
MAF.Un résultat est jugé satisfaisant selon un niveau accepté (Par exemple, 36°C est la température normale acceptée à la fois par les médecins et les patients). Il n’y a pas d’élection gagnée à l’avance. Ces résultats dits « satisfaisants » devraient être évalués par la population elle-même par voie élective à la fin du mandat constitutionnel du président de la République selon les deux critères ci-après. D’abord, le Critère Performance/Réalisation à l’exempledunombre de kilomètres de routes construites, du nombre d’hôpitaux et de salles de classes construits, de surfaces reboisées et protégées, du nombre d’entreprises aidées, de nouvelles infrastructures énergétiques construites, d’équipements et infrastructures hôteliers renforcés, de train de mesures de sécurité prises, du nombre de ménages ayant reçu des transferts monétaires dont Vatsy tsinjo, dunombre de dossiers sur la corruption traités, du nombre d’accords de financement extérieur conclus, etc. Ensuite, le Critère efficacité/Résultat qui indique la fluidité de circulation et hausse de quantités de produits et transportés, d’accroissement du taux de scolarisation et de celui de soins curatifs, de réduction du taux de criminalité, de diminution du taux de précarité et d’exclusion sociale, du nombre d’emplois nets créés, de forte densité de sécurité et de paix sociale, d’ampleur et pratique corruptives réduites, du taux de croissance économique en hausse et du renforcement du système productif, du nombre de touristes étrangers arrivés, de délestage résolu à termes, de ralentissement de la déforestation, de la hausse du montant de l’aide extérieure reçue, etc.
Sur la base de ces indicateurs, ce serait aux électeurs d’évaluer finalement l’efficacité du régime en place par la voie des urnes.
MM. Est-ce que votre groupement a des reproches concernant la gestion des actions gouvernementales ?
MAF.On peut soulever des lacunes dans la gestion des politiques publiques. À savoir l´impuissance politique et opérationnelle du gouvernement face à l’inflation galopante, à la recrudescence de l’insécurité, au délestage sans fin et au chômage massif de longue durée. Et ce, malgré les gros efforts déployés par le président Rajoelina pour les atténuer. A cela s’ajoutent des dysfonctionnements dans la gestion stratégique des ressources humaines (un changement fréquent des membres du gouvernement est source d’inefficacité car la bonne personne n’est pas à la bonne place).
MM. Que pensez-vous de la question relative à la mise en place d’un gouvernement de Transition soulevée par l’Union européenne ?
MAF.Notre constat au sujet des prochaines élections présidentielles est clair : on ne peut pas régler les rivalités politiques par une Transition sans fondement démocratique. Laissez le peuple choisir librement ses représentants et juger le président et l’efficacité de sa politique de développement par la voie des urnes.
MM. Est-ce que le GNEPUD a des solutions pour accélérer le développement et réduire la pauvreté à Madagascar ?
MAF. Il ne suffit pas de constater, ni de raconter les problèmes. Le GNEPUD, en tant que think-tank, possède des esquisses de solutions pragmatiques et technocratiques pour rattraper le retard du développement de notre pays, entre autres. les politiques publiques à base des fonctions de la croissance et des ressources naturelles abondantes (terre, eau, ressources minières, marine, et touristique, conçues à partirdu degré de contrainte, de la priorité des besoins, de l’état de la pauvreté et de la faiblesse du système productif à Madagascar etc.), la politique visant à accroître le taux de pression fiscale par la création d’espaces budgétaire et fiscal optimaux, la politique éducative, la politique de renforcement des Petites et Moyennes Entreprises, etc. De plus, sur la base des techniques évaluatives selon les critères « Pertinence et Durabilité », nos spécialistes sont en train d’élaborer un « Projet technique pour une nouvelle Constitution », fondée sur un « Régime présidentiel fort » (le président de la république n’est pas responsable devant l’organe législatif monocaméral) mais à forte décentralisation pour éviter la concentration du pouvoir entre les mains du Président (avec un modèle de gouvernement adéquat, un mélange des modèles technocratique et pragmatique). Et ce, dans le but d’accroître l’efficacité des politiques de développement et d’éviter l’éventuelle monétisation du pouvoir au niveau du Parlement. Nos propositions techniques, outils d’aide à la décision politique, concrétisent le devoir des intellectuels de bonne volonté et seront soumises au président de la République après la proclamation des résultats.
Recueillis par Antsa R.
Des blablas et du vent ! Nul n’ignore que c’est un bouffon du régime …