
Ces deux centres collaborent ensemble sur des recherches en développement et recherches appliquées utilisées pour le développement du pays tout en participant à la recherche mondiale.
Trois institutions ont organisé dernièrement la Journée Scientifique et Technique au siège du FOFIFA pour échanger des expériences concernant le développement de l’agriculture familiale à Madagascar. Il s’agit de FOFIFA ou Centre national de recherche appliquée au développement rural, du CIRAD ou Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement et l’ESSA ou Ecole supérieure des sciences agronomiques d’Antananarivo. Cet événement réunissant divers acteurs de développement rural entre dans le cadre de la célébration de l’Année Internationale de l’Agriculture Familiale coïncidant avec la Journée Mondiale de l’Alimentation. Le thème a été axé sur « Les agricultures familiales et les défis pour le développement durable : questions de recherche et de mise en politique ».
Spécificité. En fait, « en agro-écologie, on considère que les unités de production ne sont pas les mêmes et ne réagissent pas ensemble à la politique par rapport au marché et au contexte, puisque chacun a sa spécificité dans sa prise de décision. Raison pour laquelle, nous travaillons en partenariat avec le FOFIFA pour effectuer des travaux de recherche sur une politique publique adaptée aux petites unités de production à Madagascar », a annoncé Jean François Belières, chercheur en économie rurale au CIRAD détaché au FOFIFA. Ce chercheur a soulevé que l’agriculture familiale et les autres types d’agriculture comme l’agriculture d’entreprise, fonctionnent d’une manière différente. « Elles n’ont ni les mêmes opportunités, ni les mêmes possibilités par rapport aux marchés, alors qu’on les met tous dans le même sac en matière d’élaboration et de mise en œuvre d’une politique publique », a-t-il fait savoir.
Base de l’économie. Notons que l’agriculture familiale est une forme d’organisation de la production agricole caractérisée par des liens qui unissent la famille et l’unité de production avec un recours au travail familial. Le capital de production et le patrimoine familial y sont confondus. A Madagascar, « ce modèle familial prédomine et constitue même la base de l’économie nationale. Ce sont notamment des petits agriculteurs qui exploitent une superficie économique de moins de 1,5ha pour effectuer une pluralité d’activités incluant l’agriculture sans une spéculation spécifique, l’élevage, la pêche, l’artisanat. A part l’auto-consommation, ils commercialisent une partie de leur production même s’ils n’enregistrent aucun surplus. Et paradoxalement, ces petits agriculteurs sont très vulnérables », a exposé le Dr Jacqueline Rakotoarisoa, le directeur scientifique du FOFIFA. Raison pour laquelle, toutes les parties prenantes s’attèlent au développement de l’agriculture familiale afin de contribuer au développer du pays, voire même de la planète.
Inclusif. Tous les acteurs concernés sont convaincus que ce ne sont pas uniquement les grandes entreprises qui contribuent au développement d’un pays. « C’est très inclusif. L’agriculture familiale a un poids majeur étant donné qu’elle constitue le fournisseur de l’essentiel des biens alimentaires consommés dans le monde. Nous sommes ainsi en train d’analyser l’impact de la politique publique sur le développement de l’agriculture familiale », a évoqué Jean François Belières, le chercheur en économie rurale du CIRAD. Force est également de reconnaître que la fluctuation des prix des produits agricoles démotivent les producteurs. « Il faut ainsi coopérer pour peser sur le marché en se mettant plutôt en complémentarité avec l’agriculture d’entreprise qu’en concurrence », a-t-il poursuivi.
Cas d’école. L’ESSAGRO, quant à elle, dispose d’un vivier de jeunes chercheurs ayant effectué des stages au niveau du monde du paysannat. « De nombreux résultats de recherche ont été réalisés par nos étudiants mais même s’ils sont pertinents scientifiquement, ces fruits de recherche restent des cas d’école. On ne cesse ainsi d’interpeller l’Etat à ce sujet », a souligné le Pr Jean Rasoarahona, le directeur de l’ESSA. Par ailleurs, il a suggéré que l’Etat reprenne son rôle de vulgarisateur agricole pour assurer l’encadrement technique des agriculteurs en vue d’appliquer ces résultats de recherche qui correspondent bien aux besoins quotidiens des paysans.
Navalona R.