Détournement, favoritisme et trafic d’influence, bakchich, marchés fictifs, tels sont, entre autres, les faits de corruption qui font des marchés publics malgaches une célébrité. Le directeur général de l’autorité de régulation des marchés publics, Julie Ranjavololona, évoque les « raccourcis pris par des entreprises pour accéder à la commande publique » ou le « favoritisme de la part d’acheteurs publics à l’égard de certains soumissionnaires ». Malgré l’arsenal juridique qui est déjà en place pour régir la procédure, les pratiques dans la passation de marchés publics sont loin d’être une référence en matière d’intégrité. De là à amener le Directeur général du bureau indépendant anti-corruption, Laza Andrianirina, à affirmer que « tout le monde s’accorde à dire que la passation des marchés publics figure parmi les activités de l’administration publique la plus exposée aux risques de corruption ». Il l’a explicitement exprimé dans le nouveau guide que le Bianco a sorti pour la « prévention de la corruption dans le processus de passation des marchés publics ».
Société civile
Le Bianco, qui veut aborder le sujet d’un ton pédagogique, a d’abord sorti ce document pour prévenir les risques de corruption à chaque niveau de la chaine en matière de marchés publics. « Il s’agit de promouvoir une action collective en favorisant une meilleure compréhension du public des risques potentiels de corruption tout au long du processus des marchés publics » selon toujours Laza Andrianirina. Comprendre les étapes de la procédure, dénicher les éventuelles brèches favorisant la corruption et avancer des mesures préventives pour anticiper les risques, résument l’approche du Bianco dans ce nouveau document. Le guide propose un large éventail de dispositions qui peuvent être appliquées aux différentes étapes de la procédure de passation de marché afin de réduire les risques de corruption. On cite, par exemple, l’implication des organisations de la société civile et les auditeurs, à titre d’observateurs, à la séance d’ouverture des plis. Ou bien de numériser et de projeter sur un écran géant les offres des soumissionnaires pour garantir la transparence. Le document suggère également d’informer « rapidement » les soumissionnaires et le public du résultat de l’appel d’offres en dévoilant intégralement la décision. Aussi, impliquer les organisations de la société civile dans le contrôle interne de l’attribution du marché.
Rija R.