Cela fera bientôt un mois que l’ancien président de la République Marc Ravalomanana a été placé en résidence surveillée. Le public ne sait toujours pas quel objectif réel le pouvoir veut-il poursuivre en le « sécurisant » ou en le « détenant » dans l’opacité des conditions à l’Amirauté d’ Antsiranana. S’il faut croire le Premier ministre Roger, le sort de l’exilé politique dépend du président de la République, mais le gouvernement l’aide dans la recherche de solution. Mais quoi qu’il en soit, deux choses à tenir compte pour le pouvoir, le respect de l’Etat de droit et la recherche de l’apaisement.
Pour une solution qui rassemble
Jusqu’à présent, la vérité sur ce retour en catimini n’est toujours pas connue. Volontaire ou pas, Marc Ravalomanana est Malgache avant tout. Il a trouvé le moyen de revenir dans son pays. Aucun de ses compatriotes, à l’exception de ses ennemis, ne lui en voudra pour être rentré dans son pays par un avion sans autorisation. Imaginez un instant la situation de quelqu’un, qui depuis plusieurs années a cherché à rentrer chez lui et n’a pu réaliser son souhait alors que les résolutions soutenues par les forces politiques locales et la communauté internationale ont exigé son retour sans condition. Arrivé sur place, accueilli à bras ouverts par la population, l’exilé d’Afrique du Sud ne s’attendait certainement pas à redevenir exilé dans son propre pays, à Diégo-Suarez avec des conditions de privation de liberté, apparemment plus sévère qu’en Afrique du Sud. On lui en voudrait maintenant pour cet avion qui l’a emmené et qui a atterri sans autorisation officielle à Antsirabe. Avant que le procès ne se tienne, l’ancienne ministre de la Justice qui voudrait le voir incarcéré prévoit déjà une peine très lourde pour l’infraction commise. L’Etat de droit à respecter martelé par le pouvoir dans le traitement du dossier semble se baser sur le moyen de transport utilisé par l’exilé qui a survolé le territoire national sans autorisation. Les partisans de l’ancien président de la République n’arrivent plus à comprendre ce que le pouvoir veut dans son comportement qui prône d’un côté la réconciliation nationale et de l’autre l’intolérance envers Marc Ravalomanana qui est arrivé par ses propres moyens à rejoindre son pays. Des observateurs en arrivent à qualifier le pouvoir d’user d’un double langage défavorable à la réconciliation nationale. La dégradation de la situation est à craindre dans la mesure où le tribunal d’ Antsiranana a fait savoir son incompétence dans le jugement d’un cas aussi politique. Ne devient-il pas plus raisonnable d’entrevoir une solution qui rassemble mais non pas qui sépare davantage ? La balle est, en tout cas, dans le camp du pouvoir. Une affaire à suivre.
Zo Rakotoseheno