Le placement en résidence surveillée de Marc Ravalomanana fait aujourd’hui un mois jour pour jour. Exilé en Afrique du Sud durant cinq ans, l’ancien président de la République ne s’attendait certainement pas à se retrouver exilé de nouveau dans son pays. Marc Ravalomanana est privé de liberté de circulation sous la formule placé en résidence surveillée pour sa sécurité dans le camp de l’Amirauté à Antsiranana. Les droits de visite sont règlementés. Sa famille n’en a obtenu qu’une fois jusqu’à présent. L’ancien président de la République est apparu quelques heures en public exceptionnellement, à l’enterrement de sa sœur aînée. Le visage émacié, la barbe non rasée, au milieu d’une dizaine d’éléments de garde armée, il avait l’air d’un prisonnier égaré n’ayant pas le droit de s’adresser à qui il veut. Marc Ravalomanana a maigri. Lui arracher un sourire serait un exploit.
Hautement politique
Jean-Marc Koumba, en revanche, n’a plus retrouvé sa famille depuis sa garde vue prolongée dans les locaux de la gendarmerie à Fiadanana. Arrêté à Antsirabe, emmené et interrogé à Antananarivo, il a été transféré à Antsiranana, traduit en justice et placé sous mandat de dépôt à la prison de cette ville. Il est accusé de complicité dans l’arrivée en catimini de Marc Ravalomanana. Jean-Marc Koumba, de nationalité allemande, a commencé une grève de la faim depuis son arrestation arbitraire selon sa famille qui clame son innocence. L’ancien garde du corps que Marc Ravalomanana a limogé en 2005 serait malade. Le conseiller d’Ambassade allemand autorisé à le visiter récemment a affirmé que Jean-Marc Koumba est bien traité en prison. La déclaration est loin de rassurer l’épouse du détenu qui a réitéré en conférence de presse l’innocence de son mari, a demandé sa libération, parce que les enfants réclament la présence de leur père. Jean Marc ne pouvait pas être à deux endroits en même temps le jour du retour de Marc Ravalomanana, à moins d’avoir un don d’ubiquité.
L’affaire du retour au pays en catimini de Marc Ravalomanana est perçue dans l’opinion publique comme hautement politique. Son traitement par un tribunal de première instance suscite beaucoup de méfiance et autant d’interrogation dans le public. Les politiciens en premier. Le temps n’est plus à l’envenimement politique de la situation. Le message adressé par l’Amiral Didier Ratsiraka à ses partisans le jour de son anniversaire témoigne d’une grande sagesse. Il a demandé à soutenir le président Hery Rajaonarimampianina dans sa volonté de résoudre la crise par la réconciliation nationale et à appuyer le FFKM pour qu’il facilite la réconciliation nationale. Manandafy Rakotonirina , leader du parti MFM, est sorti de son silence pour entrevoir en la réconciliation nationale et la cohabitation qui en découlera nécessairement la solution au problème. Faut-il encore forcer vers un procès impopulaire et contesté à un moment où toutes les voix se rejoignent pour la prise d’une seule route, celle de la réconciliation nationale ? La balle est dans le camp de Hery Rajaonarimampianina.
Zo Rakotoseheno