
Il n’y a pas que l’adoption des textes de loi qui préoccupe les députés durant la deuxième session ordinaire en cours. Sous l’égide du ministre des Transports Ulrich Andriatiana, des représentants de ces « Solom-bavam-bahoaka » ont fait le déplacement à l’aéroport d’Ivato pour contester le traitement qu’on leur a infligé alors qu’ils jouissent d’immunité et des privilèges liés à l’exercice de leurs fonctions. Pas plu tard qu’hier, c’était au tour des députés élus dans la région de la SAVA (Sambava, Antalaha, Vohémar et Andapa) de hausser le ton. Mais, cette fois-ci, c’est contre les mesures prises par les banques qui sont installées dans la région. En effet depuis deux mois, ces banques refusent tout transfert d’argent de plus d’un million d’ariary effectué par les opérateurs de la région, alors que la campagne de vanille bat son plein actuellement et que le prix de ce produit d’exportation connaît en ce moment une hausse au niveau mondial. Tout dernièrement, un opérateur a été surpris du fait qu’il n’a pas été autorisé à verser 400 000 Ar dans son compte.
Plainte. Un autre opérateur titulaire du compte n° 14 550776 6 010 00 auprès d’une banque représentée à Antalaha de déplorer : « Je ne peux plus effectuer un quelconque mouvement dans mon compte. » Les opérateurs qui dénoncent ce « blocus » contre l’économie de la région ont déposé le 10 octobre dernier une plainte auprès de la CSBF (Commission de Supervision Bancaire et Financière). « Nous ne pouvons pas garder notre argent chez nous à cause de l’insécurité grandissante dans le pays. Par ailleurs, pour un opérateur qui exporte, il lui faut une domiciliation bancaire. Ce que nous ne pouvons pas faire depuis deux mois. », se plaint un opérateur de la SAVA. Avant d’ajouter : « Si nous voulons effectuer un transfert d’argent, nous sommes condamnés à recourir au service de opérateurs téléphoniques à travers le Money Banking. Or, à chaque opération de transfert, ces opérateurs téléphoniques nous taxent au moins 4 % de la valeur transférée. » Les opérateurs de la SAVA sont allés hier jusqu’à dénoncer le conflit d’intérêts entre un dirigeant d’un opérateur téléphonique de Madagascar et une Banque installée dans la SAVA. « Un haut responsable d’un opérateur téléphonique est à la fois PDG d’une banque à Madagascar. », ont-ils fustigé.
Banque pour les Malgaches. Les députés de la région SAVA ont lancé hier un appel au pouvoir qui détient 30 % de part d’action dans les banques installées à Madagascar. « Avec cette part d’action, l’Etat doit avoir son mot à dire sur les activités de ces banques. », estiment-ils. Avant d’enfoncer le clou : « Nous lançons même un appel aux banques qui sont prêtes à collaborer avec nous à venir s’installer chez nous. Les banques actuellement représentantes dans la SAVA ne pensent qu’à leurs bénéfices alors que la région SAVA est considérée comme un pilier économique de la Grande Ile, grâce à ses produits d’exportation. » Pour les élus de cette partie nord de Madagascar, l’Etat doit créer sa propre banque de développement, une banque pour les Malgaches.
Recueillis par R. Eugène