La situation reste tendue au sein de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique malgache, en particulier auprès de l’université d’Antananarivo.
La grogne des enseignants gagne du terrain. Ceux-ci dénoncent « une dictature » imposée au sein de l’université. En effet, suite à la lettre ordonnant aux ministres de tutelle de suspendre les soldes des meneurs de grève de l’université d’Antananarivo, le communiqué publié par le ministère de l’Enseignement supérieur en date du 13 novembre enjoint « les enseignants-chercheurs grévistes de se présenter à leur domaine (faculté) respectif » à compter de la publication de la missive. Le communiqué de faire également savoir que « faute de coopération de se soumettre aux cadres juridiques en vigueur, les mesures disciplinaires adéquates seront prises à l’encontre des enseignants auteurs de grève illicite ». Une note décanale avait également été publiée auprès de l’université d’Ambohitsaina demandant aux enseignants de rejoindre leur poste le 17 novembre 2023. Partagée sur le réseau social Facebook, cette note a aussitôt disparu de la toile. « La page qui l’a partagé a été fermé temporairement et les publications supprimées », note un enseignant-chercheur.
Problèmes. D’un côté, la reprise des activités pourrait concerner les mentions et départements qui n’ont pas encore terminé leurs programmes. De l’autre, cela tiendrait de la volonté des enseignants-chercheurs et chercheurs-enseignants à travailler au-delà de leurs obligations de services de 200 heures. Compte tenu de la situation, les enseignants rechignent à travailler plus que ne leur contraint les lois. « Au-delà des 200 heures, ce sont des heures complémentaires. Et vu que le problème réside dans le refus de l’Etat de payer les heures complémentaires des années passées, la réaction des enseignants est plutôt légitime », nous explique une source auprès de ladite université. Si le cas des enseignants-chercheurs et chercheurs-enseignants est une chose, celui des enseignants vacataires en serait une autre. Dans certains départements, ces enseignants assurent 60-70% des cours. « Les enseignants vacataires ne veulent pas non plus reprendre les cours. La raison en est que l’Etat leur doit encore beaucoup d’argent », précise notre source. Avant de conclure « les vacataires constituent des cas à part entière. Ils sont à la fois menacés et amadoués par les dirigeants. D’un côté, on leur fait la pression que s’ils n’assurent pas les cours, on va les renvoyer et les remplacer par d’autres personnes qui cherchent de l’emploi. De l’autre, on leur promet qu’ils vont être recrutés dans le corps des enseignants-chercheurs et chercheurs-enseignants en tant que permanents ».
José Belalahy